Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 5.djvu/539

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1679 Sainte-Reine[1], qu’elle prend, et qui lui font beaucoup de bien, ensuite du lait, et enfin donnera tout le loisir nécessaire pour la tirer de cette étrange maigreur où elle est tombée. Cependant sa poitrine se porte mieux depuis les grandes sueurs qu’elle a eues dans sa fièvre tierce, qui l’ont persuadée que ce qui piquoit sa poitrine étoit des sérosités que les sueurs ont fait sortir. Il y a quelque apparence mais aussi elle devroit être plus forte et moins maigre qu’elle n’est, si elle étoit guérie de ce côté-là ; de sorte que nous attendons avec impatience l’effet des remèdes qu’elle prend et qu’elle prendra. Il me semble que votre curiosité et votre amitié ne peuvent pas souhaiter un plus beau détail que celui que je vous mande. Si vous m’aviez un peu plus parlé de vous et de votre famille dans votre lettre, vous m’auriez fait plus de plaisir ; car à mon sens, autant qu’on s’ennuie des circonstances sur les choses indifférentes, autant on les aime sur celles qui tiennent au cœur. Adieu, Monsieur et Madame. Pour avoir trop à discourir sur les nouvelles, je n’en dirai rien du tout. Plusieurs guerriers s’en vont en Allemagne pour ne point faire la guerre, mais pour faire peur à M. de Brandebourg[2].

Adieu la Beauté ; adieu la très-bonne. Notre abbé vous salue.

Suscription : Pour M. le comte de Guitaut, à Epoisse.

  1. Lettre 717 (revue sur l’autographe). — 1. Voyez p. 476, note 4. — Outre ses eaux minérales, Sainte-Reine a une fontaine miraculeuse, qui a joui longtemps d’une grande réputation et qu’on croyait très-bonne pour la santé. La Reine femme de Louis XV n’en buvait pas d’autre, non plus que Stanislas roi de Pologne, etc. ; le maréchal de Saxe en faisait usage en Flandre et à Chambord. Voyez la Description générale et particulière du duché de Bourgogne, par M. Courtépée, tome III, p. 538
  2. 2 Voyez la note 5 de la lettre précédente