Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 5.djvu/548

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1679 donner créance au bien qu’on a à dire de lui, et ôter tout soupçon de flatterie à son histoire[1].

Ce que ma chère nièce m’a écrit me paroît si droit et si bon, que je n’en veux rien rabattre : il est impossible qu’elle ne m’aime pas, à le dire comme elle le dit.

Je vous en remercie, ma chère nièce, et je voudrois pour toute réponse que vous eussiez entendu ce que je disois de vous l’autre jour à Mme de Vins, belle-sœur de M. de Pompone et très-aimable aussi : je vous peignis au naturel, et bien.Il y a très-peu de personnes au monde qui puissent[2] se vanter d’avoir autant de vrai mérite que vous.

Notre pauvre ami est abîmé dans son procès. Il le veut traiter dans les règles de la raison et du bon sens ; et quand il voit qu’à tous moments la chicane s’en éloigne, il est au désespoir. Il voudroit que sa rhétorique persuadât toujours comme elle le devroit en bonne justice ; mais elle est inutile contre la routine et le désordre qui règne dans le palais. Ce n’est point façon d’amour que le zèle qu’il a pour sa cousine, c’est pure générosité ; mais c’est façon de mort que la fatigue qu’il se donne[3] pour cette malheureuse affaire. J’en suis affligée, car je le perds, et je crains de le perdre encore davantage.

La belle Madelonne ne s’en ira qu’au mois de septembre. Elle se porte mieux ; elle vous fait mille amitiés, à vous, Madame, et à vous, Monsieur. Si vous la connoissiez davantage, vous l’aimeriez encore mieux.

  1. 5. Dans le manuscrit de la Bibliothèque impériale : « afin de donner du poids et d’ôter tout soupçon de flatterie à l’histoire qu’on veut écrire de lui ; » à la fin du paragraphe suivant : « à le dire comme elle fait. »
  2. 6. Notre manuscrit porte : « qui puisse, » au singulier.
  3. 7. « Qu’il prend. » (Manuscrit de la Bibliothèque impériale.)