Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 5.djvu/560

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1679 jointement dans leur contrat de mariage donation de ces deux terres à tel de leurs enfants mâles qu’ils choisiroient, et en cas qu’ils mourussent sans choisir, à l’aîné des mâles. À la requête de Mme  de Coligny, M. de Dalet répondit que sans demeurer d’accord de la validité de la donation, ni sans reconnoître qu’il y eût d’enfant vivant de Gilbert de Langhac, son fils, et de Louise de Rabutin, dame de Coligny, ladite requête étoit incivile et injurieuse, et partant demandoit qu’elle en fût déboutée et condamnée aux dépens. Avec la réplique que Mme  de Coligny fit à ces défenses, elle envoya à Riom une attestation du bailliage d’Autun de la vie du petit d’Andelot, et un mois après ces premières escarmouches, nous allâmes à Riom ; quatre jours après notre arrivée, la cause fut plaidée, les parties présentes. L’avocat de Mme  de Coligny redit en peu de mots la teneur de sa requête ; l’avocat de M. de Dalet voulut traiter la donation de simple institution révocable en de certains cas (comme, par exemple, en cas d’ingratitude) ; que feu le marquis de Coligny étant comblé de grâces de la part de son père, sa veuve, qui l’offensoit par les soupçons qu’elle témoignoit de sa conduite, méritoit qu’il révoquât cette institution ; il dit encore mille autres sottises comme celle-là, et finit par celle de dire qu’il se réservoit de prouver en temps et lieu que le marquis d’Andelot[1] étoit mort. À la vérité la chaleur me monta au visage, je me levai, et je dis tout haut que ceux qui disoient cela avoient menti, et que c’étoient des coquins ; l’avocat ne fit plus qu’ânonner ; celui de ma fille fit merveilles à la réplique, et ensuite

  1. 4. Dans le manuscrit de la Bibliothèque impériale : « que le petit d’Andelot ; » deux lignes plus loin :   « que ceux qui disaient cela étoient des coquins qui avoient menti ; l’avocat ; etc. ; » à la ligne d’après : « à sa réplique ; » à la fin du paragraphe suivant : « les choses que j’ai dites. »