Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 5.djvu/569

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mède du médecin anglois[1] l’a ressuscité. Dieu n’a pas voulu que M. le cardinal de Retz s’en servît, quoiqu’il le demandât sans cesse. L’heure de sa mort étoit marquée, et cela ne se dérange point

Ma fille vous fait ses compliments à tous deux. Je crains bien qu’elle ne m’échappe. Adieu, mes très-chers.


728. — DU COMTE DE BUSSY RABUTIN À MADAME DE SÉVIGNÉ.

Huit jours après que j’eus écrit cette lettre, je reçus celle-ci de Mme de Sévigné.
À Bussy, ce 28e août 1679.

Votre lettre m’a d’abord réjoui, Madame, mais ensuite j’ai été fâché de voir qu’elle n’étoit que d’une petite feuille de papier, et je l’ai été bien davantage quand j’y ai vu[2] la mort de M. le cardinal de Retz ; je sais l’amitié qui étoit entre vous deux ; et quand je ne le regretterois pas par l’estime que j’avois pour lui, et par l’amitié qu’il m’avoit promise, je le regretterois pour l’amour de vous, aux intérêts de qui je prends toute la part qu’on peut prendre ; mais c’est notre ami Corbinelli qui est encore plus à plaindre : personne ne perd tant que lui. Il y a longtemps que j’ai remarqué que son étoile changeoit le bien en mal, et qu’il portoit malheur

  1. 3. D’un médecin anglais. (Manuscrit de la bibliothèque impériale.) — Voyez la note 1 de la lettre précédente, p. 559.
  2. 1Lettre 728. — 1. Dans le manuscrit de la Bibliothèque impériale : « quand j’ai appris ; » deux lignes plus loin : « par l’estime que j’avois pour lui, je le ferois pour l’amour de vous. » À la fin de la phrase, ce manuscrit ajoute : « je ne saurois assez m’étonner de sa mauvaise fortune. » Il termine ainsi le paragraphe : « Il y a bien longtemps que j’ai remarqué que son étoile change le bien en mal. J’en suis sensiblement touché, car je l’aime de tout mon cœur,