1676 et dans un repos qui lui donnera la force de soutenir le redoublement de cette nuit.
J’ai vu Mme de Saint-Géran : elle n’est nullement déconfortée[1] ; sa maison sera toujours un réduit cet hiver : M. de Grignan y passera ses soirées amoureusement. Elle s’en va à Versailles comme les autres ; je vous assure qu’elle prétend jouir de ses épargnes, et vivre sur sa réputation acquise : de longtemps elle n’aura épuisé ce fonds. Elle vous fait mille amitiés ; elle est engraissée, elle est fort bien.
Je vous conjure[2], ma fille, de faire encore mes excuses au grand Roquesante, si je ne lui fais réponse ; vous me mandez des merveilles de son amitié ; je n’en suis guère surprise, connoissant son cœur comme je fais : il mérite, par bien des raisons, la distinction et l’amitié que vous avez pour lui. Je me porte fort bien ; je suis ravie de n’avoir point vendangé ; je ferai les autres remèdes, et j’irai me reposer quelques jours encore à Livry, quand cette petite femme sera mieux. J’embrasse M. de Grignan et vous, ma chère, de tout mon cœur[3]. Brancas[4] est arrivé cette nuit à pied, à cheval, en charrette ; il est pâmé au pied du lit de cette pauvre malade : nulle amitié ne paroît devant la sienne. Celle que j’ai pour vous ne me paroît pas petite[5].
J’ai trouvé à Paris une affaire répandue partout, qui vous paroitra fort ridicule : bien des gens vous l’appren-
- ↑ 6. Du départ de Mme de Villars. Voyez le commencement de la lettre du 8 septembre précédent, p. 52.
- ↑ 7. L’édition de 1754 donne simplement : « Vous me mandez des merveilles de l’amitié de Roquesante ; je n’en suis nullement surprise, etc. »
- ↑ 8. Cette phrase manque dans l’édition de 1754.
- ↑ 9. L’un des plus fervents adorateurs de Mme de Coulanges. Voyez la Notice, p. 141.
- ↑ 10. Dans l’édition de 1734, la lettre finit ici.