Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 5.djvu/85

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légères dispositions à ne pas haïr la mère, et que ce petit garçon étoit son fils ; mais cela n’est point : la chimère est toute fondée sur sa bonne maison de Pologne. Cependant le petit agent a divulgué cette affaire, la croyant faite ; et dès que le Roi a su le vrai de l’aventure, il a traité cet agent de fou et d’insolent, et l’a chassé de Paris, disant que sans la considération du roi de Pologne, il l’auroit fait mettre en prison. Sa Majesté a écrit au roi de Pologne, et s’est plaint fraternellement de la profanation qu’il a voulu faire de la principale dignité du royaume ; mais le Roi regarde toute la protection que le roi de Pologne a accordée à un si mince sujet comme une surprise qu’on lui a faite, et révoque même en doute le pouvoir de son agent. Il laisse à la plume de M. de Pompone toute la liberté de s’étendre sur un si beau sujet. On dit que ce petit agent s’est évadé : ainsi cette affaire va dormir jusqu’au retour du courrier[1].


583. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

À Paris, mercredi 30e septembre.

Je mens, il n’est que mardi, mais je commence toujours ma lettre pour faire réponse aux vôtres, et pour vous parler de Mme de Coulanges, et je l’achèverai demain, qui sera effectivement mercredi.

Il est le quatorze de Mme de Coulanges : les médecins n’en répondent point encore, parce qu’elle a toujours la fièvre, et que dans les rêveries continuelles où elle est,

  1. 15. Sur toute cette intrigue, dont les détails sont extrêmement curieux, et sur Brisacier, voyez les Mémoires de l’abbé de Choisy, tome LXIII, p. 422 et suivantes.