Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/11

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1680 plus de part à tout ce qui leur vient de Rome ; mais leur malheur, c’est que le Pape est un peu hérétique aussi. Ce seroit là un moulin à vent digne de leur faire tirer l’épée. Votre comparaison est divine de cette femme qui veut être battue[1] : « Oui, disent-ils, je veux qu’il nous batte[2] ; de quoi vous mêlez-vous, Saint-Père ? nous voulons être battus. » Et là-dessus ils se mettent à le battre lui-même, c’est-à-dire à le menacer adroitement et délicatement, « que s’il pense leur rendre le droit de régale, il les obligera à prendre des résolutions proportionnées à la prudence et au zèle des plus grands prélats de l’Église, et que leurs prédécesseurs ont su, dans de pareilles conjonctures, maintenir la liberté de leurs Églises, etc. » Tout cela est exquis ; et si j’avois trouvé cette juste comparaison[3] de la comédie de Molière, dont vous me faites pâmer de rire, vous me loueriez pardessus les nues. Je vous ai mandé comme j’avois été ravie d’entendre célébrer le nom de Monsieur le Coadjuteur sur un autre sujet que sur celui de cette lettre[4] : sa harangue fut admirable ; j’ai senti ce plaisir comme vous-même[5]. Mais n’admirez-vous pas la bonté du clergé, de n’avoir point voulu que ces deux pauvres prélats in partibus, Monsieur de Paris et Monsieur de Reims, payassent aucunes décimes ordinaires ni extraordinaires[6] ?

  1. 17. Voyez la scène seconde de l’acte premier du Médecin malgré lui de Molière. (Note de Perrin.)
  2. 18. « Qu’il me batte. » (Édition de 1754.)
  3. 19. « Cette comparaison. » (Ibidem.)
  4. 20. « Combien j’avois été ravie… sur un autre ton qu’au sujet de cette lettre. (Ibidem.) — Voyez tome VI, p. 558 et 559, et la note 12.
  5. 21. « À peu près comme vous l’avez senti vous-même. » (Édition de 1754.)
  6. 22. Les décimes ordinaires étaient un subside annuel que le Roi levait sur le clergé et que le clergé accordait par un consentement renouvelé tous les dix ans. Dans le principe, c’était une subvention qui ne se devait qu’en cas de nécessité. Les décimes extraor-