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1680

861. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

Aux Rochers, ce dimanche 13e octobre.

Madame de Coulanges[1] m’écrit une fort jolie lettre ; elle en reçoit assez souvent de vous, et se propose, comme on fait toujours, de jouir cet hiver de votre voisinage, et de réchauffer, votre ancienne amitié[2]. Vous avez M. de Coulanges ; je suis assurée que vous en êtes fort aise ; vous ne devez pas perdre cette occasion de faire une pièce à M. de Grignan : la vision est bonne de mettre Coulanges dans quelque caisse, ou dans l’étui du téorbe de l’abbé Viani[3] ; enfin vous en ferez quelque chose de bon ; car de le montrer tout simplement comme un autre, cela n’est pas possible. J’avoue que j’étois de l’avis du voyage de Rome[4] mille circonstances le rendoient agréable, et j’avois aussi quelques petites raisons, que je retrouverois bien encore, s’il en étoit besoin ; mais ce seroit ranger des troupes en bataille quand il n’est plus question de combattre. Je suis ravie qu’il ait suivi[5] vos conseils, ils sont meilleurs

  1. Lettre 861. — 1. Dans l’édition de 1754, cet alinéa vient après le suivant, et s’y rattache ainsi : « elle m’écrit une fort jolie lettre ; elle se propose, etc. »
  2. 2. « Toute votre-ancienne amitié. » (Édition de 1754.)
  3. 3. Jean-Claude Viani, né à Aix en 1639, se fit oratorien en 1659, et devint en 1663 prieur de l’église de Saint-Jean à Aix. On a de lui quelques opuscules historiques et quelques pièces de poésie. Il mourut le 16 mars 1726, à l’âge de quatre-vingt-huit ans ; il était depuis longtemps déjà doyen de la Faculté de théologie d’Aix. — Le membre de phrase qui suit : « enfin vous en ferez quelque chose de bon, » n’est pas dans l’impression de 1754.
  4. 4. Avec le cardinal d’Estrées (voyez la lettre du 18 septembre précédent, p. 81 et 82). Coulanges fit ce voyage en 1689 avec le duc de Chaulnes. — Dans le texte de 1737 : " que j’étois d’avis qu’il fît le voyage de Rome. »
  5. 5. « Que Coulanges ait suivi, etc. » (Édition de 1754.) — La dernière phrase de l’alinéa n’est pas dans le texte de 1737.