Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/133

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entre venir seule ou être conduite par lui : l’inconvénient seroit encore plus grand d’avoir à craindre le mauvais temps et les mauvais chemins. Nous faisons achever tout votre appartement ; bientôt il n’y manquera plus que vous. Adieu, ma très-chère enfant : venez gaiement, songez que votre voyage est un coup de partie pour votre maison ; mais ne vous chargez point de dragons, et croyez que pour cette fois vous n’y résisteriez pas. Enfin, ma fille, je vous recommande la personne du monde qui m’est la plus chère : ayez un peu de considération pour vous sous ce titre, quoique tant d’autres raisons encore dussent vous y obliger. Le chevalier est à Versailles : Monsieur le Dauphin et Madame la Dauphine ont encore la fièvre ; il faut que les menins fassent leur devoir. Toutes vos amies ont fort bien fait pour moi. Je ne sais point de nouvelles ; si j’étois aux Rochers, je ne vous en laisserois pas manquer. Il me paroît que le zèle de Mlle de Grignan ne se peut contenir sans être communiqué :

À peine tout son cœur peut suffire à l’amour.

Elle en fera une agréable confidence à l’abbé de la Vergne[1].


1680

869. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

À Paris, vendredi 8e novembre.

Je fais de mes hôtes[2]un usage bien différent de ce que

  1. 9. Voyez tome IV, p. 277, note 8.
  2. Lettre 869 — 1. Mlle de Méri et M. le chevalier de Grignan étoient tous deux logés à l’hôtel de Carnavalet, à l’arrivée de Mme de Sévigné à Paris. (Note de Perrin.)