Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/138

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Comme le Roi a bien de l’esprit[1], il sera charmé de vos lettres. Il en verra aussi quelques-unes de Mme de Grignan, qui ne lui déplairont pas. Je vous montrerai cela à mon premier voyage de Paris, et je vous étonnerai quand je vous ferai voir que tout exilé que je suis, je parle aussi hardiment au Roi que si j’étois son favori.


1681

871. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ AU COMTE DE BUSSY RABUTIN.

Huit jours après que j’eus écrit cette lettre, je reçus celle-ci de Mme de Sévigné.
À Paris, ce 2e janvier 1681.

Bonjour et bon an, mon cher cousin[2] Je prends mon temps de vous demander pardon après une bonne fête, et en vous souhaitant mille bonnes choses cette année suivie de plusieurs autres. Il me semble qu’en vous adoucissant ainsi l’esprit, je vous disposerai à me pardonner d’avoir été si longtemps sans vous écrire, et à cette jolie veuve que j’aime tant, et dont je disois encore hier tant de bien. Si vous saviez, mon cousin, et ma chère nièce, toutes les tribulations que j’ai eues depuis trois ou quatre mois, vous auriez pitié de moi ; je vous les conterai quelque jour, car elles ne sont pas d’une ma-

  1. 6. « Comme il a bien de l’esprit. » (Manuscrit de la Bibliothèque impériale.) Dans le même manuscrit, la dernière phrase est ainsi conçue : « Je vous montrerai cela à ce printemps que j’irai à Paris, et… je parle aussi franchement et aussi hardiment (au Roi, en interligne de la main de Bussy) que si j’étois son favori. Adieu, ma chère cousine : je vous demande le secret.
  2. Lettre 871 — 1. « Mon pauvre cousin » (Manuscrit de la Bibiothèque impériale).