Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/142

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1681 que le cardinal Mazarin eut l’esprit assez fort de se moquer en mourant des flatteurs qui lui disoient que le ciel présageoit sa perte par la comète qui paroissoit alors. Votre nièce de Coligny admire la fermeté du Cardinal en cette rencontre[1] ; et en effet, il faut bien de la force pour dire en mourant les mêmes choses qu’on diroit en bonne santé.

La foiblesse de craindre les comètes n’est pas moderne : elle a eu cours dans tous les siècles, et Virgile, qui avoit tant d’esprit, a dit qu’on ne les voyoit jamais impunément. Peut-être ne l’a-t-il pas cru, et que comme il étoit un des flatteurs d’Auguste, il a voulu lui persuader qu’il croyoit que le ciel témoignoit par ces signes l’intérêt qu’il prenoit aux actions et à la mort des grands princes[2].Pour moi, je ne le crois pas, et je pense que tout au plus une comète marque l’altération des saisons, et qu’elle peut ainsi causer la peste et la famine.

    édition (1697), soit fausse, ou que Bussy, sachant Brancas malade, parle de sa mort comme d’un événement certain et prochain. Mme de Scudéry lui écrivit le 16 janvier : « Brancas est mort fort chrétiennement. On demanda au coucher du Roi s’il n’avoit point fait de testament. Ce badin de comte de Gramont répondit qu’oui, et qu’il avoit fondé un hôpital pour tous les princes et les ducs de France ruinés, lesquels se disposoieht à y aller." (Correspondance de Bussy, tome V, p. 217.) — Dans le manuscrit de la Bibliothèque impériale : « qui croiront qu’elle a annoncé, etc. »

  1. 4. "… que le cardinal Mazarin eut bien de l’esprit de se moquer des flatteurs qui lui dirent que le ciel… Votre nièce de Coligny addmire encore plus sa fermeté que son esprit en cette rencontre. (Manuscrit de la Bibliothèque impériale)
  2. 5. Voyez la fin du 1er livre des Géorgiques. — Si des deux périodes proposées pour la commète de 1680-1681, celle de cinq cent-soixante-quinze ans (voyez ci-dessus page 133, note 3) eût été la véritable, cet astre aurait pu être le même qui parut après la mort de César. De l’année 44 avant Jésus-Christ, date de cette mort, à l’année 1681, il y a dix-sept cent vingt-cinq ans, c’est-à-dire trois fois ladite période.