Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/155

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1681 réponds rien à vos reproches, ils sont justes ; vous avez raison de croire que mes mains sont encore malades, puisque je ne vous écris point. Vous en seriez encore plus étonné si vous saviez que je pense très-souvent à vous, et que j’ai plus d’amitié pour vous et pour l’aimable veuve[1], que vous n’en avez peut-être pour moi. Nous examinerons ces vérités et ces contrariétés quand vous dînerez ici avec Corbinelli.

De la façon dont vous me parlez de votre voyage, à peine recevrez-vous cette lettre en Bourgogne, et je devrois déjà donner les ordres pour votre repas. À tout hasard, je veux vous dire encore la joie que j’aurai de vous voir tous deux, et de vous conter que l’autre jour je soupai avec le maréchal d’Estrées chez la marquise d’Uxelles ; je lui dis ce que vous me mandez de lui, et de sa nouvelle dignité, et je n’oubliai pas : « C’est un maréchal de France, celui-là[2] Je trouvai que cette louange d’un homme tel que vous lui faisoit un plaisir sensible ; son amour-propre[3] me pria de vous en remercier d’une manière à me persuader qu’il avoit beaucoup d’estime pour vous, et qu’il étoit fort aise de celle que vous avez pour lui. Je m’acquitte avec plaisir de ce compliment qui n’est point un compliment[4]. Je suis conciliante ; j’aime à rapprocher les bonnes dispositions, que le temps et l’absence effacent quelquefois à tel point qu’on ne se connoît plus.

  1. Lettre 878. — 1. « Et pour notre aimable veuve. » (Manuscrit de la Bibliothèque impériale.)
  2. 2. Voyez ci-dessus, p. 145.. »
  3. 3. Les mots son amour-propre ont été biffés dans notre manuscrit et remplacés par le pronom il, d’une autre main que celle de Bussy.
  4. 4. « Qui n’étoit point un compliment ». (Manuscrit de la Bibliothèque impériale.)