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1681

888. — DE CORBINELLI ET DE MADAME DE SÉVIGNÉ AU COMTE DE BUSSY RABUTIN.

Trois semaines après que j’eus envoyé ces lettres[1], je reçus celle-ci de Corbinelli.
À Paris, ce 10e septembre 1681.

de corbinelli.

J’apprends, Monsieur, que vous avez été incommodé et en même temps que vous ne l’êtes plus ; ainsi je n’ai pas eu le loisir d’être affligé. Vous n’êtes guère accoutumé aux maladies, ni par conséquent au plaisir de recouvrer la santé ; ce sont des états nouveaux pour vous, qui vous apprennent les changements les plus importants de la vie.

Je me réjouis de la résolution de Mme de Coligny[2] de mourir plutôt que d’achever l’affaire qu’elle avoit commencée[3]. Je la trouve si en colère par ce que j’ai vu d’elle depuis peu, que j’ai peur qu’elle ne succombe à la tentation d’écrire la rage où elle est à ce coquin ; j’en approuve le motif, mais non pas l’exécution ; j’aime sa gloire, et je la trouverois blessée de mander à ce misérable qu’elle le méprise ; le silence en ces rencontres est, à mon gré, plus offensant que le discours.

de madame de sévigné.

C’est qu’on aime à dire ce qu’on pense, c’est pour se soulager qu’on écrit, et si cela contribue au repos de l’âme, je le conseille, et je suis en cette rencontre contre

  1. Lettre 888.— 1. La lettre précédente avec les deux billets qui y étaient joints.
  2. 2.Tout cet alinéa est raturé avec soin, d’une autre encre que celle de Bussy, qui avait d’abord écrit « Je me réjouis de voir Mme de Coligny. »
  3. 3. Voyez plus haut, p. 164, note 3.