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1681

890. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ AU COMTE DE BUSSY RABUTIN.

Près de quatre mois après que j’eus écrit cette lettre de Mme de Sévigné (no 888, p.169), j’en reçus encore celle-ci.
À Livry, ce 28e décembre 1681.

Ma nièce de Sainte-Marie me vient de mander que vous vous portez bien, et que vous avez recouvré votre santé à Chaseu ; je n’en ai nullement douté : c’est le plus aimable lieu que j’aie jamais vu, et si l’on peut y ajouter la circonstance d’y être payé sans chicane du terme de la Saint-Martin, je mets votre terre au-dessus de toutes celles que nous avons en Bretagne.

Au reste, mon cousin, je loue le courage[1]de ma nièce de Coligny, de vouloir bien acheter la tranquillité de sa vie au prix de l’éclat que fera cette sorte d’affaire et des peines qu’elle sera obligée de prendre pour y réussir ; mais il se faut tirer d’un si méchant pas ; et quand avec un bon conseil on a pris cette résolution, j’approuve fort

    de douceur et de patience, et le souvenir de vos manières me fournit ces armes : je suis fort content du succès, Monsieur, puisque vous me dites l’être de mes intentions. Comme votre faveur ni votre disgrâce ne vous ont point changé, il est bien juste que ceux qui ont fait profession de vous honorer gardent l’égalité dont vous leur avez donné l’exemple. Je respecte en tout temps votre vertu, Monsieur, et suis toujours avec un profond respect, Votre très-humble et très-obéissant serviteur,

    De Harouys.

  1. Lettre 890. — 1. Ce passage a été biffé avec tant de soin sur le manuscrit de Bussy, que l’on a eu la plus grande peine à le déchiffrer. (Note de l’édition de 1818.) Cette édition et celles qui ont été publiées depuis donnaient ainsi le commencement de la phrase : « Au reste, mon cousin, selon le courage de ma nièce de Coligny, dites-lui bien… la tranquillité de sa vie, etc. » En y regardant de plus près, nous avons réussi, non sans peine, mais sans garder aucun doute, à rétablir entièrement le texte.