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1682

892. — DE MADAME DE GRIGNAN AU COMTE DE BUSSY RABUTIN.

Quand je ne fais point de réponse à la femme du monde dont le commerce me plaisoit davantage, on peut juger de l’embarras qui m’en empéchoit, et dans ce temps-là je m’en allai à Paris, laissant ma fille de Coligny dans sa maison de Lanty[1] tous mes amis sachant mon arrivée me vinrent voir, et je reçus ce billet de la comtesse de Grignan.

À Paris, ce 15e février 1682.

Si j’étois en état[2]d’entreprendre un aussi long voyage que celui des Incurables[3], depuis le Marais, j’aurois été une des premières personnes que vous auriez vue[4], et je vous assure, Monsieur, que mes sentiments me demandoient cet empressement ; vous voulez bien que j’y supplée par ce billet, et que je vous supplie de me croire autant dans vos intérêts que pas une de vos parentes et de vos amies.

La comtesse de GRIGNAN.

  1. Lettre 892. — 1. D’après un témoignage contraire à celui-ci, Bussy venait d’amener à Paris Mme de Coligny pour y faire ses couches. Il prenait tous les moyens de dissimuler l’enfant qu’elle portait, et dont l’existence donnait tant de force à l’acte de célébration du mariage dont il soutenait la nullité. Bussy et sa fille changèrent de noms. La Rivière les découvrit dans une maison garnie, rue des Deux-Écus ; ils allèrent ensuite dans un cabaret, à l’enseigne de l’Épée royale, rue du Four ; Mme de Coligny y mit au monde un garçon. Dix heures après, elle fut conduite à l’hôtel de Saint-Aignan, rue de la Planche (cette dernière est voisine des Incurables, dont parle Mme de Grignan). Voyez la Vie et le Procès de M. de la Rivière, tome I, p. 80. (Note de l’édition de 1818.)
  2. 2. Bussy avait sauté les mots en état ; ils sont écrits en interligne, d’une autre main que la sienne.
  3. 3. Les Incurables étaient rue de Sèvres
  4. 4. Il y a vue, au singulier, dans le manuscrit autographe de Bussy.