Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/194

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1682 digérer, et puis on a ce paquet-là sur le nez et c’est à un homme à courre ; ainsi on a approuvé sa conduite ; d’autant plus que le courage du chevalier de Lorraine est hors de tout soupçon. Que dites-vous de cette affaire ? comment vous paroît-elle emmanchée ? Hélas ! si cette sainte princesse[1] revenait ici-bas et qu’elle trouvât son cher fils avec de telles impétuosités, ne croyez-vous pas qu’elle retourneroit sur ses pas, de douleur et d’affliction ? Vous causerez de cela avec M. de Vardes. Plût à Dieu que la naissance d’un duc de Bourgogne que nous attendons, nous le pût ramener !

Je suis toujours ravie du commerce que vous avez avec le contraire de gauche ; vous me faites aimer Serignan[2], sans que je le voie jamais ; je lui ai fait dire en l’air que nous étions bien proches par vous, et que j’avois pour lui une estime aussi particulière que son mérite. Il est fort vrai que Mme de Cauvisson n’a point été voir Mme de Noailles[3] ; je n’oserois dire ce que j’ai trouvé de cet orgueil ; notre ami est son ami, mais il ne me persuadera pas que son mari ayant fait tous ses devoirs, le

  1. 3. De Conti. Voyez tome II, p. 103, note 3.
  2. 4. Est-ce le Serignan dont parle Saint-Simon, tome XVIII, p. 159 ? « Serignan, gouverneur de Ham, qui avoit passé la plupart de sa vie aide-major des gardes du corps, et qui fort au goût du Roi avoit eu le secret de bien des choses, mourut à quatre-vingt-quatorze ans (en 1721), depuis longtemps retiré, ayant jusqu’au bout conservé sa tête et santé. » Il avait un frère qui fut fait capitaine de galère en 1679. Dangeau parle encore d’un abbé de Serignan.
  3. 5. Le duc de Verneuil, gouverneur de Languedoc, étant mort le 28 mai, à l’âge de quatre-vingt-un ans, le Roi avait donné le gouvernement de cette province au duc du Maine, et avait nommé commandant du Languedoc le duc de Noailles, capitaine de la première compagnie des gardes du corps, qu’il éleva peu de temps après au grade de lieutenant général. Voyez la Gazette, p. 310, 312, 370, et la lettre du 20 octobre suivant. — Mme de Cauvisson était femme du marquis de Cauvisson, lieutenant général au haut Languedoc