Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/217

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1683 ans de moins. Je suis précisément comme Chimène, pour cette place des chevau-légers :

J’en demande la charge et crains de l’obtenir[1]

et j’y ajoute encore :

Mon unique souhait est de ne rien pouvoir.

Mon fils s’est embarrassé là dedans de période en période, et se chauffant lui-même dans son harnois[2]contre ceux qui lui faisoient croire que de paroître vouloir rentrer dans le service, faciliteroit l’agrément de ses gendarmes pour Verdronne. Voilà de quoi il a été la dupe, chose qu’il est assez souvent. Il s’est donc embarqué mal à propos, car Verdronne a été trouvé fort bon ; et après cela, l’on soutient la gageure, on reparle au Roi ; il dit encore : « Je verrai. » Cependant notre argent nous brûle, et ne travaille point, et l’on dit en tremblant les vers de Chimène, en n’approuvant que trop le sentiment du maréchal de Villeroi et le vôtre.

Pour notre paroisse, je crois que je pourrai mettre de l’eau dans mon vin, et dire, comme Tartuffe : C’est un excès de zèle[3] ; mais pour votre intérêt, le bon abbé, qui se connoît en droits honorifiques comme en bon vin, il ne comprend pas que vous ne dussiez autant aimer de m’a-

  1. Lettre 905 (revue sur l’autographe). — 1. Parodie de ce vers dit par Chimène (acte III, scène III) :

    Je demande sa tête, et crains de l’obtenir.

    Le vers cité ensuite se trouve à la IVe scène du même acte.

  2. 2. Telle est la leçon de l’autographe. La locution ordinaire est « s’échauffer dans son harnois, » pour dire « parler avec beaucoup de chaleur et de véhémence. »
  3. 3. Le Tartuffe, acte III, scène III :

    Ouf ! vous me serrez trop. — C’est par excès de zèle.