Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/227

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1683 je ne pense plus à tous ces beaux appartements, cela est passé. Je suis entêtée du P. Bourdaloue ; j’ai commencé dès le jour des Cendres à l’entendre à Saint-Paul ; il a déjà fait trois sermons admirables. M. de Lauzun n’en perd aucun ; il apprendra sa religion, et je suis assurée que c’est une histoire toute nouvelle pour lui. C’étoit sur l’évangile du Centenier qui dit à Notre-Seigneur : Domine, non sum dignus[1]. Sur cela il prit occasion de parler des dispositions où il falloit être pour communier ; que ceux qui conduisoient les âmes ne devoient jamais faire la menace de la profanation du corps de Jésus-Christ, sans avertir que si nous n’y participions, nous n’aurions jamais la vie éternelle ; que ces deux choses ne devoient jamais se séparer ; que si nous étions bien disposés, il falloit en approcher toujours ; et si nous étions dans le péché, il ne falloit jamais s’en approcher, dit saint Augustin[2] ; mais qu’il falloit s’efforcer de se mettre dans

    Provence, et de Provence à Paris, Mme  de Grignan passait à Époisse et voyait la famille de Guitaut. Une charge qui l’eût fixée à la cour l’aurait privée de ce plaisir.

  1. 2. « Seigneur, je ne suis pas digne. » (Évangile de saint Luc, chapitre vii, verset 6.)
  2. 3. Voyez dans le Carême de Bourdaloue le sermon pour le premier jeudi (qui tombait en 1683 au 4 mars), où se trouve développée la pensée que l’orateur exprime ainsi dans la première partie : « Craignez d’approcher de cette sainte table, et craignez de n’en approcher pas. » Voici, du moins tel qu’il est imprimé, le passage où Bourdaloue alléguait l’autorité de saint Augustin : « J’en vois parmi vous, disoit saint Augustin, qui se retirent de la communion parce qu’ils se sentent coupables… Et moi, reprenoit-il (décision importante de ce saint docteur), je leur déclare que s’ils s’en tiennent précisément là, ils ne font qu’augmenter le poids et le nombre de leurs péchés, en commettant encore un nouveau péché, et se privant du plus nécessaire et du plus souverain remède. Je vous conjure donc, mes frères, concluoit-il, que si quelqu’un de vous se juge indigne de la communion, il travaille à s’en rendre digne,