Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/239

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1683 achalandé, mais nous faisons bien ce que nous pouvons pour lui donner de la réputation. Il a prêché aujourd’hui aux Nouveaux-Convertis[1] ; il nous a voulu persuader que les croix et les tribulations de cette vie étoient non-seulement nécessaires, mais cent fois plus agréables que les plaisirs ; sa petite poitrine a fait de grands efforts, et je crains que ce n’ait été inutilement. Il prêche d’une manière touchante et qui plaît fort ; cependant le pauvre petit homme ne sait encore où donner de la tête ; j’admire qu’on ne l’enlève pas, car il est bon à tout.

Connoissiez-vous Mme de Jalez[2] ? elle n’est plus à l’hôtel de Lesdiguières, et la duchesse ne reprendra point d’autre aumônier : cela me fait croire qu’elle n’a besoin d’aucune société, et qu’elle ne s’amuse que de la règle et de l’économie de sa maison. Je vous ai dit vrai en vous contant les picoteries de la dame de l’autre jour ; mais soyons-nous fidèles, et confions-nous toutes ces étourderies, car il faut que jeunesse se passe. Ma fille et les Grignans ont une affaire au conseil, comme vous savez. Si le Coadjuteur vient, ils s’en iront dans trois semaines, et j’entends compter sur votre litière ; s’il ne vient pas, ils demeureront. Comme rien n’est décidé, je ne vous instruirai pas davantage aujourd’hui.

Adieu, Monsieur je vous aime cordialement malgré les envieux, et je ne veux jamais mourir sans vous le dire, ni vivre sans l’honneur de votre amitié.

Notre bon abbé se porte fort bien. Votre vin est arrivé, et dans la cave de M. d’Harouys ; on en conçoit de grandes espérances.

  1. Lettre 913 (revue sur l’autographe). — 1. Communauté séculière, établie dans la rue de Seine, et autorisée par l’archevêque François de Gondi sous le nom de Congrégation de la propagation de la foi.
  2. 2. Voyez la lettre suivante, p. 235.