Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/286

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1684 mangeons chaud, nos terrines ne cèdent point à celles de M. de Coulanges. J’ai lu, mais j’étois distraite, et j’ai compté les ondes plutôt que de m’appliquer encore[1] aux histoires des autres ; cela reviendra, s’il plaît à Dieu. Songez, ma chère mignonne[2], que je vous écris à tout moment, que je vous ennuie[3] avec confiance de l’ennuyeux récit de mon triste voyage, et que depuis huit jours je n’ai pu recevoir un seul mot de vous. Toutes nos journées ont été dérangées, mais j’espère recevoir demain de vos nouvelles à Angers ; j’en ai une extrême envie, vous le croyez bien, ma très-chère bonne, et qu’ayant été contrainte[4] de penser sans cesse à vous, je n’ai pas manqué de repasser sur tous les sujets que j’ai de vous aimer, et d’être persuadée de votre tendresse, et qu’ainsi la mienne[5] est toute chaude et toute renouvelée ; la Providence l’a ainsi ordonné : toute société nous a manqué ; il y auroit bien des choses à dire sur les plaisirs ou la contrainte qu’on en recevroit. Notre très-bien Bon est content et en parfaite santé, et moi aussi : il vous embrasse ; parlez de moi à toute votre famille ; et votre santé, ma chère, est-elle parfaite ? Je saurai demain tout cela, et votre voyage de Versailles. Nous vous embrassons tous deux[6].

  1. 7. Le mot encore manque dans le texte de 1754.
  2. 8. « Ma chère Comtesse. » (Édition de 1754.)
  3. 9. « Que je vous importune. » (Ibidem.)
  4. 10. « Toutes nos journées ont été dérangées, et vous croyez bien que je serai ravie de recevoir demain de vos nouvelles à Angers ; vous ne doutez pas non plus qu’ayant été contrainte, etc. » (Ibidem.)
  5. 11. « En sorte que la mienne, etc. » (Ibidem.)
  6. 12. La fin de la lettre est abrégée ainsi dans l’édition de 1754 : « Notre très-bien Bon est content, il est en parfaite santé, et moi aussi ; nous vous embrassons tous deux. » (Ibidem.)