Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/310

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1684 vous[1], et guérissez-vous avec votre bonne pervenche, bien verte, bien amère, mais bien spécifique à vos maux, et dont vous avez senti de grands effets : rafraîchissez-en cette poitrine enflammée ; et si dans cet état, qui passera, vous êtes incommodée d’écrire, comme il y a bien de l’apparence, prenez sur moi comme sur celle qui vous aime le plus, sans faire tort à personne ; et sans façon et sans crainte de m’effrayer, faites-moi écrire par M. du Plessis[2] ; mettez une ligne en haut et une en bas ; car il faut voir de votre écriture, et je serai ravie de penser que toute couchée et tout à votre aise[3], vous causerez avec moi, et que vous ne serez point contrainte, deux heures durant, dans une posture qui tue la poitrine. Je[4] vous serois trop obligée d’en user ainsi, et le prendrois pour une marque de votre amitié et de votre confiance. Pour votre côté, j’ai envie de vous envoyer ce que j’ai de baume tranquille, par notre abbé Charrier ; il craint de le casser, c’est ce qui nous embarrasse, car pour moi, ma bonne, je ne l’ai pris que pour vous, et si M. de Chaulnes ou M. de Caumartin ou Mme de Pom-

  1. 7. « Et vous n’avez appuyé que sur les saignées faites après coup et fort mal à propos ; quoi qu’il en soit, ma fille, consolez-vous, etc. » (Édition de 1754.)
  2. 8. Gouverneur du marquis de Grignan. Voyez les lettres que Mme de Sévigné lui adressa de 1689 à 1691. Perrin dit dans une note à la lettre du 5 février 1690 : « Il avoit été de l’Oratoire, avant que de prendre soin de l’éducation du marquis de Grignan. Mme de Vins avoit jeté les yeux sur lui pour celle de son fils. » — Dans le texte de 1754 : « et si dans cet état, qui passera, vous êtes incommodée d’écrire, prenez sur moi comme sur celle qui vous aime le plus ; faites-moi écrire par M. du Plessis ; mettez une ligne en haut et en bas, etc. »
  3. 9. Dans l’autographe : « toute à votre aise. » — À la ligne suivante Perrin (1754) a substitué incommodée à contrainte.
  4. 10. Cette phrase, et tout ce qui suit, jusqu’à : « Pour nos santés » (p. 305, ligne 22), manque dans l’impression de 1754.