Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/321

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1684 cesse protège ; car la maison à laquelle il vouloit s’accrocher, et qui est fort bonne, ne veut point de lui[1]. Ah, mon Dieu ! en voilà beaucoup, ma chère Comtesse ; je n’avois pas dessein d’en tant dire.

Mais parlons du bonheur de M. de la Trousse, qui marche à grands pas dans le chemin de la fortune. Connoissez-vous la beauté de la machine[2] toute simple qu’on appelle un levier ? Il me semble que je l’ai été à son égard : trouvez-vous que je me vante trop ? Cela me fait prendre un grand intérêt à toute la suite de sa vie, où il a réuni et bien de l’honneur, et bien du bonheur, et bien de la faveur. Je ne manquerai pas de lui écrire ; en attendant faites-en mes compliments à Mlle  de Méri, mais ne l’oubliez pas.[3] Je n’ai rien à dire de l’indifférence de Mme  de Coulanges, sinon qu’elle prend le bon et unique parti. Vous jugez bien du succès qu’aura la prière de Mme  de la Fayette ; jamais une personne, sans sortir de

  1. 23. Voyez l’avant-dernier alinéa de la lettre du 27 décembre suivant, p. 338.
  2. 24. « La vertu d’une machine. » (Édition de 1754.)
  3. 25. Le marquis de la Trousse venait d’être nommé gouverneur d’Ypres, ville des Pays-Bas qui fut cédée au Roi par le traité de Nimègue ; il était en outre capitaine-lieutenant des gendarmes-Dauphin, lieutenant général des armées du Roi, et il reçut l’ordre du Saint-Esprit en 1688. Mme  de Sévigné avait contribué à sa fortune, en lui faisant faire un mariage avantageux (voyez la lettre du 11 octobre 1661, tome I, p. 433). On voit même par une lettre de Pompone à d’Andilly, écrite de la Haye, le 19 avril 1669, que Mme  de Sévigné, pour servir son cousin, avait mis en œuvre le crédit de ses amis. « Je n’ai point écrit à M. de la Trousse sur sa charge (de capitaine-lieutenant des gendarmes), écrit Pompone, parce que nous ne sommes pas en cette grande amitié ; ce seroit plutôt connoissance ; quoique j’agisse fort du temps de M. Foucquet, sous les ordres de Mme  de Sévigné, pour faire réussir son mariage. » La Trousse se montra peu reconnaissant des services que lui avait rendus sa cousine. Voyez les lettres du 31 juillet et du 25 août 1680, tome VI, p. 559, 560 ; et plus haut, p. 38. (Note de l’édition de 1818.).