Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/330

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1684 Notre bien Bon est enrhumé de ces gros rhumes que vous connoissez ; il est dans sa petite alcôve, nous le conservons mieux qu’à Paris. Pour ma belle-fille, elle a fait tous les remèdes chauds et violents des capucins, sans en être seulement émue. Quand il fait beau, comme il a fait depuis trois jours, je sors à deux heures, et je vais me promener quanto va[1] ; je ne m’arrête point, je passe et repasse devant des ouvriers qui coupent du bois, et représentent au naturel ces tableaux de l’hiver ; je ne m’amuse point à les contempler ; et quand j’ai pris toute la beauté du soleil en marchant toujours, je rentre dans ma chambre, et laisse l’entre chien et loup pour les personnes qui sont grossières ; car pour moi, qui suis devenue une demoiselle pour vous plaire, voilà comme j’en use et en userai, et souvent même je ne sortirai point. La chaise de Coulanges, des livres que mon fils lit en perfection, et quelque conversation, feront tout le partage de mon hiver, et le sujet de votre attention, c’est-à-dire de votre satisfaction ; car je suis vos ordonnances en tout et partout. Mon fils entend raison sur le mercredi[2] : en vérité nous serions bien tristes sans lui, et lui sans nous ; mais il fait si bien, qu’il y a quasi toujours un jeu d’hombre dans ma chambre ; et quand il n’a plus de voisins, il revient à la lecture et aux discours sur la lecture ; vous savez ce que c’est aux Rochers. Nous avons lu des livres in-folio en douze jours ; celui de M. Nicole nous a occupés[3] ; la Vie

  1. 14. « Tant que cela va. »
  2. 15. Le mercredi étoit un de ses jours de poste. (Note de Perrin.)
  3. 16. Nicole venait de publier (29 août 1684) l’ouvrage suivant : Les pretendus reformez convaincus de schisme pour servir de reponse à un ecrit intitulé Considerations sur les lettres circulaires de l’Assemblée du Clergé de France de l’année 1682.