Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/338

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Dites-moi le sentiment du chevalier sur Polignac ; plût à Dieu que nos pensées fussent les mêmes ! Je vois votre habit de Versailles ; mais à Paris, faites-moi voir ma fille : je la prie d’aller, quand elle pourra, chez la pauvre duchesse de Chaulnes, qui est un peu sur le côté, de son mal d’estomac. Il a fait un temps assez beau depuis deux jours ; nous en jouissons, mais en courant : je défie le rhumatisme de m’attraper ; j’aime les temps bas ; mais quand ils sont si bas qu’ils tombent sur notre nez et qu’il pleut, et qu’on ne voit goutte, j’ai envie de pleurer. J’approuve assez la petite dame entre deux capucins. Adieu : je vous embrasse de toute la véritable tendresse de mon cœur.


945. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

Aux Rochers, vendredi 15e décembre.

Voilà le petit Beaulieu[1] qui s’en va faire l’entendu cet hiver à Versailles : il est bien heureux, il vous verra dans six jours ; cette pensée réveille mes douleurs, et me touche sensiblement. Il vous porte les trois actes que vous avez vus, et qui sont conformes au modèle que M. d’Ormesson m’a envoyé. Si vous voulez les revoir très-bien signés de mon fils, vous pouvez ouvrir les paquets et les recacheter, pour les redonner à Beaulieu avec mes lettres, qu’il aura soin de rendre à leur adresse. Votre frère a fait cette signature de fort bon cœur et de fort bonne grâce ; il n’a rien pris des manières du pays : il a été ravi de revoir cette promesse de vingt-quatre mille francs, qui est une dette que le bien Bon a sur moi, et à

  1. Lettre 945. — 1. Ancien valet de chambre de Mme de Sévigné.