Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/341

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1684 du côté de la dévotion : il est savant, il lit sans cesse des livres saints, il en est touché, il en est persuadé. Il viendra un jour où l’on sera bien heureux de s’être nourri dans ces sortes de pensées chrétiennes : la mort est affreuse quand on est dénué de tout ce qui peut nous consoler en cet état. Sa femme entre dans ses sentiments ; je suis la plus méchante, mais pas assez pour être de contrebande. Il a lu avec plaisir l’endroit où vous paroissez contente de lui : vous dites toujours tout ce qui se peut dire de mieux ; et vous êtes si aimable, que je ne puis trop sentir la douleur d’être éloignée de vous : ce que nous envisageons encore nous fait peur ; vous croyez bien que cette peine n’est pas moindre pour moi que pour vous ; mais il faut que je trouve du courage ; un séjour trop court me seroit inutile, ce seroit toujours à recommencer ; il faut avaler toute la médecine. Voici ce qui me tient lieu de vos douze mille francs[1] : c’est qu’étant ici, où je ne dépense rien, et mon fils se trouvant trop heureux de me payer de cette sorte, j’envoie à Paris mon revenu ; sans cela qu’aurois-je fait ? Vous ne comprenez que trop bien ce que je vous dis ; mais j’y ai pensé mille fois. Vous devez être assez près de votre compte présentement. On est bientôt venu de Lyon à Paris par le temps qu’il fait ; le retour de M. de Grignan doit finir la destinée de Mlle d’Alerac : il n’a tenu qu’à elle, ce me semble, de couper l’herbe sous le pied de Mlle de la Valette : ce Laurière[2] n’étoit-il

  1. 2. Voyez la lettre du 13 décembre précédent, p. 329.
  2. 3. Léonard-Hélie de Pompadour, marquis de Laurière. Il était capitaine dans le régiment du Dauphin, lorsque le Roi lui donna le 6 septembre 1684 le vingt-septième régiment, en considération de M. de Montausier, son oncle (voyez tome III, p. 106, note 3). Il épousa en effet sa cousine, Gabrielle de Montault, connue sous le nom