Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/367

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1685 voyé est meilleur. Enfin cela est fait ; si je n’en avois point fait du poison, par l’avis des sottes gens de ce pays, il y a longtemps que celui que j’ai depuis trois mois m’auroit guérie. Dieu ne l’a pas voulu, j’en ressemble mieux à M. de Pompone, car c’est après trois mois : on veut que je marche, parce que je n’ai nulle sorte de fluxion, et que cela redonne des esprits[1] et fait agir l’aimable onguent ; remerciez-en Mme de Pompone. Jusques ici[2]la foi avoit couru au-devant de la vérité, et je prenois pour elle mon espérance ; mais, ma bonne[3], tout finit, et Dieu a voulu que ç’ait été par vous[4]. Mon fils s’en plaignoit l’autre jour ; car ç’a été lui qui au contraire m’a fait tous mes maux, mais Dieu sait avec quelle volonté[5] Il partit lundi follement, en disant adieu à cette petite plaie[6], disant qu’il ne la reverroit plus, et qu’après avoir vécu si longtemps ensemble, cette séparation ne laissoit pas d’être sensible[7]. Je n’oublierai pas aussi à vous remercier mille fois de toute l’émotion, de tout le soin, de tout le chagrin que votre amitié vous a fait sentir dans cette occasion : quand on est accoutumée à votre manière d’aimer, les autres font rire. Je suis fort digne, ma bonne, de tous ces trésors par la manière aussi dont je les sais sentir, et par la parfaite tendresse que

    marque sans doute la diminution ou la disparition de la plaie : on dirait du refrain d’un chant, ou d’un jeu de nourrice.

  1. 8. La phrase finit à ce mot esprits dans le texte de 1754.
  2. 9. « Jusqu’ici. » (Édition de 1754.)
  3. 10. « Mon enfant. » (Ibidem.)
  4. 11. Voyez ci-dessus, p. 343, 350 et 355.
  5. 12. « Car c’est lui qui, avec les meilleures intentions du monde, a prolongé tous mes maux. » (Édition de 1754.)
  6. 13. En prenant congé de cette petite plaie. » (Ibidem.)
  7. 14. « Et qu’après avoir vécu si longtemps avec elle, il seroit sensible à cette séparation, » (Ibidem.) — Toute la fin de cet alinéa, à partir d’ici, et l’alinéa suivant, manquent dans l’impression de 1754.