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1685

954. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN ET AU MARQUIS DE GRIGNAN.

[Aux Rochers, ] dimanche 25e février.
Réponse au 21.

Ah ! ma bonne[1], quelle aventure que celle de la mort du roi d’Angleterre[2], la veille d’une mascarade !


Mon marquis, il faut que vous soyez bien malheureux de trouver en votre chemin un événement si extraordinaire !

Chimène, qui l’eût dit ? — Rodrigue, qui l’eût cru ?[3]

Lequel vous a le plus serré le cœur, ou le contretemps, ou quand votre méchante maman vous renvoya de Notre-Dame ? Vous en fûtes consolé le même jour ; faut que le billard et l’appartement[4] et la messe du Roi, et toutes les louanges qu’on a données à vous et à votre

  1. Lettre 954 (revue sur l’autographe). — 1. Dans l’édition de 1754, le premier alinéa et le commencement du second sont réunis et abrégés de la manière suivante : « Ah ma fille, que la mort du roi d’Angleterre est un contre-temps fâcheux ! cette nouvelle arrive la veille d’une mascarade, et mon marquis est bien malheureux de trouver en son chemin un événement si extraordinaire. Je ne vois que les louanges qu’on lui a données, et à son joli habit, qui puissent le consoler dans cette occasion, avec l’espérance que cette mascarade n’est que différée. » — À partir d’ici le texte de 1754 fait un second alinéa : « Mon cher enfant, etc., » en tout conforme à l’autographe.
  2. 2. Le roi Charles II mourut le 16 février 1685, et le Roi de France ne voulut point que de toute la semaine il y eût à la cour bal ni comédie. Voyez le Journal de Dangeau, 20 février 1685.
  3. 3. Voyez le Cid acte III, scène iv). Les deux hémistiches sont ainsi intervertis dans la lettre originale ; les deux noms propres seulement l’étaient au tome II, p. 30.
  4. 4. Voyez p. 223, note 9.