Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/380

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1685 à la cour, et par la manière dont vous avez élevé votre fils, à son établissement et à sa fortune : il y a longtemps que je pense tout cela, mais principalement cet hiver, où il a paru fort agréablement ; il s’est montré au Roi, il a été bien regardé, sa figure plaît, et sa physionomie n’a rien de commun : il faut croire que si les paroles avoient suivi les pensées, vous en auriez entendu de fort agréables. Vous concevez sans peine la part intime que je prends à tout cela.

Ce que vous avez dit de l’abbé Charrier est fort vrai : il n’a pas les grâces de son père ; mais il a un esprit droit et juste, un bon sens et un bon cœur que je ne lui conseillerois pas de changer contre personne de Lyon[1], ni de Paris. Vous allez avoir bien des Grignans ; M. de la Garde logera-t-il avec eux ? il me mande qu’il vient : je ferois bien mon profit, comme vous, de cette bonne compagnie, mais je ne suis encore qu’à la moitié de ma carrière :[2] : ce seroit une avance assez honnête que six mois, si nos arrangements se rencontroient juste : nous verrons ce que Dieu voudra faire de nous tous.

Il me semble que la mort du roi d’Angleterre devient plus philosophe et angloise que chrétienne et catholique. Adieu, roi, me fait quasi un nœud à la gorge : je trouve bien des pensées dans ce mot et une fermeté peu commune : il n’étoit point vieux ; c’est quitter bien des choses dans le milieu de sa vie et de son règne, toujours agité, toujours débauché, et de Caron pas un mot.[3]

  1. 8. L’abbé Charrier étoit de Lyon. (Note de Perrin.)
  2. 9. Mme de Sévigné avoit résolu de passer un an aux Rochers pour l’arrangement de ses affaires ; elle y étoit arrivée le 21 du mois de septembre précédent. (Note du même.)
  3. 10. Voyez tome IV, p. 147, note 10. — On est tenté de croire que les relations qui annoncèrent que Charles II était rentré dans la religion catholique, au moment de sa mort, sont controuvées, lorsqu’on