Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/383

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1685 vous trouble, et vous fait sentir un mal que je n’ai pas : ah ! ma belle, vous seriez bien rassurée si vous me voyiez présentement ; demandez à la princesse. Ne voulez-vous point la remercier de la thériaque céleste qu’elle vous fait venir ? je l’aurois fait, sans que souvent elle m’a demandé à voir l’endroit de vos lettres où il est question d’elle, et je n’aimerois pas à être confondue.

Je viens d’écrire au petit Coulanges : ma fantaisie étoit de le prêcher sur sa mauvaise petite conscience, dont il ne fait tous les ans que diminuer la quantité, craignant toujours la plénitude, sans jamais ôter de la qualité ; car je suis assurée qu’au bout de la semaine[1] à Bâville, son unique péché, qui est gaudeamus, sera tout aussi bien établi chez lui qu’auparavant : tout le monde est quasi de même ; la différence, c’est que son habitude étant moins honteuse et moins mauvaise que celle de bien des gens, on prend plus aisément la liberté de le gronder. Je le prie de dire à M. de Lamoignon que j’accepte bien volontiers le rendez-vous de Bâville pour le mois de septembre avec vous.

Je voudrois que les abbés que vous avez nommés, le fussent déjà par Sa Majesté : leur temps viendra. Je trouve cette mode bien noble et bien agréable pour les gens de qualité, de ne plus vendre les charges d’aumônier[2] : oh ! que cela fera un beau séminaire ! Je vous conjure d’envoyer prier l’abbé Bigorre[3] de faire souvenir

  1. 2. La semaine sainte. Pâques en 1685 était le 22 avril.
  2. 3. « Le Roi donna la charge d’aumônier à M. l’abbé de Beuvron… Sa Majesté ne veut plus que ces charges-là se vendent ; elle l’a même dit à l’abbé de Beuvron en la lui donnant. (Journal de Dangeau, 23 mars 1685.)
  3. 4. Dangeau (tome VI, p. 220) nous apprend qu’il mourut au mois de novembre 1697, et qu’une de ses deux abbayes était celle de la Luzerne, au diocèse d’Avranches.