Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/386

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1685 vois que vous le voulez absolument. Je vous entends d’ici m’approuver, et me dire que vous êtes lasse de me voir trompée, et toujours la dupe des apparences d’une guérison qui se moque de moi. Mme  de Marbeuf est si transportée de m’avoir, elle me marque tant d’empressement et tant d’amitié, que j’en suis tout embarrassée ; quand on ne peut être sur le même ton, on ne sait que répondre.


Nous vous aimons d’une telle sorte, mon cher Comte, que nous ne pensons pas qu’Adonis fût plus beau : du moins il n’étoit pas de si bonne mine que vous, et c’est là le tu autem des messieurs. Allez, allez à Livry, après avoir bien prié Dieu dans votre aimable et sainte retraite : votre chère femme vous dira dans quel lieu ma destinée me fait passer ces jours saints ; j’étois trop charmée de les passer dans cette solitude ; Dieu ne l’a pas voulu. Votre petit beau-frère s’y plonge de tout son cœur, et prétend bien n’être pas triste et malheureux dans l’autre monde ; il est fort occupé de ces pensées : Dieu les lui conserve ! il viendra un temps où tout le reste nous paroîtra pour le moins bien inutile. Nous vous faisons nos compliments à tous sur la mort de ce pauvre chevalier de Buous[1], nous l’aimions extrêmement ; il n’y avoit qu’à le connoître pour l’aimer ; je ne vois plus mourir que des gens plus jeunes que moi : cela fait tirer des conséquences.


Je reviens à vous, ma fille. Rien n’est égal à la beauté de cette galerie de Versailles : cette sorte de royale

  1. Lettre 958. — 1. Il étoit de la maison de Pontevez, et cousin germain de M. de Grignan. (Note de Perrin.) — Voyez tome II, p. 367, note 11.