Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/387

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1685 beauté est unique dans le monde ; je la vois d’ici, en prenant une partie pour le tout. N’avez-vous point dans tous ces beaux lieux rencontré les yeux de cette digne favorite[1] ? Quoi ? dans un si grand espace, pas un pas pour aller à elle, ni elle pour venir à vous ! Je ne vous dis point tous les bons succès que je vous souhaite, à vous, ma chère enfant, et à toute la république des Grignans, qui sera bientôt rassemblée. On me mande que les mariages doubles de M. le duc de Bourbon et de M. du Maine[2] seront pour le mois de juillet, et que plusieurs dames se tourmentent pour les places de dames d’honneur. J’ai mandé à Mme  de la Fayette que je donne ma voix à Mme  de Moreuil[3] pour la duchesse de Bourbon. Je vous demande des souvenirs à l’hôtel de Pompone ; je ne veux pas être oubliée dans cette maison. Je n’écrirai point aujourd’hui au petit Coulanges ; il est à Bâville.

Ma jambe est si considérablement désenflée depuis hier, que si j’y pouvois prendre confiance, et que je ne fusse pas offensée de ses trahisons, je n’irois point du tout à Rennes ; mais mon fils m’y envoie et tout le monde, et j’y vais ; je compte revenir ici le lundi ou le mardi de Pâques ; ce seroit même plus tôt, si les jours saints ne faisoient demeurer où l’on est. C’est à présent qu’il faut tout espérer ; mais je ne saurois me consoler de vous avoir tant trompée ; c’étoit de bonne foi, et j’étois trompée moi-même la première, avec tout ce qui étoit autour de moi.

  1. 2. Mme  de Maintenon.
  2. 3. Le mariage de M. le duc de Bourbon avec Mademoiselle de Nantes se fit le 24 juillet 1685 mais celui de M. le duc du Maine avec Mademoiselle de Bourbon ne se fit que le 19 mars 1692. (Note de Perrin.)
  3. 4. Voyez la lettre du 8 juillet suivant, p. 418 et 419.