1685 beauté est unique dans le monde ; je la vois d’ici, en prenant une partie pour le tout. N’avez-vous point dans tous ces beaux lieux rencontré les yeux de cette digne favorite[1] ? Quoi ? dans un si grand espace, pas un pas pour aller à elle, ni elle pour venir à vous ! Je ne vous dis point tous les bons succès que je vous souhaite, à vous, ma chère enfant, et à toute la république des Grignans, qui sera bientôt rassemblée. On me mande que les mariages doubles de M. le duc de Bourbon et de M. du Maine[2] seront pour le mois de juillet, et que plusieurs dames se tourmentent pour les places de dames d’honneur. J’ai mandé à Mme de la Fayette que je donne ma voix à Mme de Moreuil[3] pour la duchesse de Bourbon. Je vous demande des souvenirs à l’hôtel de Pompone ; je ne veux pas être oubliée dans cette maison. Je n’écrirai point aujourd’hui au petit Coulanges ; il est à Bâville.
Ma jambe est si considérablement désenflée depuis hier, que si j’y pouvois prendre confiance, et que je ne fusse pas offensée de ses trahisons, je n’irois point du tout à Rennes ; mais mon fils m’y envoie et tout le monde, et j’y vais ; je compte revenir ici le lundi ou le mardi de Pâques ; ce seroit même plus tôt, si les jours saints ne faisoient demeurer où l’on est. C’est à présent qu’il faut tout espérer ; mais je ne saurois me consoler de vous avoir tant trompée ; c’étoit de bonne foi, et j’étois trompée moi-même la première, avec tout ce qui étoit autour de moi.