Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/413

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1685 est contente, et s’en servira dans les occasions. Elle vint hier ici avec une grande emplâtre sur son pauvre nez, qui a pensé en vérité être cassé. Elle me dit tout bas qu’elle venoit de recevoir cette petite boîte de thériaque céleste, qu’elle vous donne avec plaisir ; j’irai la prendre demain dans son parc, où elle est établie ; c’est le plus précieux présent qu’on puisse faire ; parlez-en à Madame, quand vous ne saurez que lui dire. Elle croit que Madame l’Électrice[1] pourroit bien venir en France, si on l’assure qu’elle pourra vivre et mourir dans sa religion, c’est-à-dire qu’on lui laisse la liberté de se damner. Elle nous a parlé du carrousel[2]. Je me doutois bien, ma bonne, que nous étions ridicules de tant retortiller sur ce livre, je vous l’ai mandé, je le disois à votre frère ; il en étoit assez persuadé, mais nous avons cru qu’il suffisoit d’avoir fait cette réflexion, et qu’en faveur des Rochers, nous pouvions nous y amuser un peu plus que de raison. Nous nous souvenons encore fort distinctement comme tout cela passe vite à Paris ; mais nous n’y sommes pas, et vous aurez fait conscience de vous moquer de nous.

Parlons[3] de Livry : vous couchez dans votre chambre ordinaire, M. de Grignan dans la mienne ; celle du bien Bon est pour les survenants ; Mlle d’Alerac au-dessus, le chevalier dans la grande blanche, et le marquis au pa-

  1. 18. Wilhelmine-Ernestine, fille de Frédéric III, roi de Danemark, veuve du frère de Madame, Charles II, électeur palatin, mort le 26 mai 1685. L’électorat passa après sa mort à Philippe-Guillaume, duc de Bavière et de Neubourg.
  2. 19. Voyez la lettre du 13 juin précédent, p. 394, et la note 3. — À la même ligne, les mots ma bonne ne sont pas dans le texte de 1754.
  3. 20. Le commencement de cet alinéa manque aussi dans l’impression de 1754, qui reprend seulement à la dixième ligne, et de la manière suivante : « Je vous défends au reste de parler de votre jeunesse, etc. »