Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/423

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1685 gouverneurs ont gagné, dans toute cette manœuvre, la partie, la revanche et le tout. M. de Coulanges m’écrit un vrai livre ; rien n’est plus digne d’attention et de curiosité que tout ce qu’il m’apprend ; il nous a mis en état de comprendre certaines choses qui se passeront dans les états, et dont nous n’aurions point su les raisons : en un mot, il nous a montré le dessous des cartes. Il vous a conté ses visions sur mon sujet ; elles sont venues à d’autres, et j’y ai déjà répondu[1]. Si vous voyez Mme de la Fayette, dites-lui qu’elle cause avec vous sur toute cette imagination. Mandez-moi bien de vos nouvelles, de celles des voyages de la cour, de la santé de M. de Grignan ; c’est tout cela qui fait la règle de mon départ, et vous en serez la maîtresse. J’attends un homme pour mes affaires, après quoi je serai toujours prête à partir. Mme de Chaulnes me veut emmener : cette pensée ne seroit pas mauvaise, mais le moyen de ne pas aller à Chaulnes[2] avec elle ? et je souffrirois trop de m’arrêter un moment. Nous verrons enfin, et nous saurons sans cesse des nouvelles l’une de l’autre.

Je serois surprise bien agréablement si les eaux de Vichy faisoient du bien à cent lieues de la grille : je crois que le chevalier en doute comme moi. Je voudrois être trompée, et que M. de Grignan s’en trouvât bien ; sa maigreur, sa langueur, sa colique, sa bile répandue et cette disposition de fièvre me donnent une véritable inquiétude : il n’a point assez pris de quinquina : parlez-moi toujours de lui et du chevalier. La Garde est la grande santé. Enfin, ma fille, vous irez à Gif, et souvent à Versailles, où vous ferez peut-être mieux votre profit du deuil de M. de Saint-Andiol[3], que nous aux

  1. 2. Voyez la Notice, p. 270, et ci-après, p. 439 et 440.
  2. 3. Chaulnes est en Picardie, entre Roye et Péronne : voyez la lettre du 17 avril 1689, note 1.
  3. 4. Beau-frère du comte de Grignan. Voyez tome II, p. 116,