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1685

973. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ ET D’EMMANUEL DE COULANGES À MADAME DE GRIGNAN.

Aux Rochers, mercredi 8e août.

de madame de sévigné.

Si vous pouviez faire que le premier jour de septembre ne fût point un samedi, ou que le bien Bon n’eût point appris de ses pères à préférer le lundi, pour ne pas trouver le dimanche au commencement d’un voyage, j’aurois été fort juste au rendez-vous ; mais la règle du lundi, qui va de pair avec les ailerons de volaille et le blanc d’une perdrix, nous fera arriver deux jours plus tard. Je n’ose m’abandonner à toute la joie que me donne la pensée de vous embrasser ; je la cache, je la mitonne, j’en fais un mystère, afin de ne point donner d’envie à la fortune de me traverser : quand je dis la fortune, vous m’entendez bien. Ne disons donc rien, ma chère bonne, soyons modestes, n’attirons rien sur nos petites prospérités.

Nous avons été fort surpris de la nouvelle que vous nous mandez : la princesse de Tarente n’en savoit rien : elle l’apprit hier ici, comme une vraie Allemande. Nous croyons que les exilés auront encore des camarades ; mais quelle douleur au cardinal de Bouillon[1] d’être mêlé

    gneur, » ne sont pas dans le manuscrit de la Bibliothèque impériale.

  1. Lettre 973. — 1. Des courtisans officieux avaient dit sourdement que le cardinal n’était pas étranger au départ précipité des princes de Conti et de son neveu. Voyez ci-dessus, p. 402, note 42. (Journal de Dangeau, 28 mars 1685.) Peu de jours auparavant, le cardinal s’abstint de donner au duc de Bourbon la bénédiction nuptiale, parce que l’étiquette de la cour ne permettant pas aux cardinaux de s’asseoir à la table des princes du sang, honneur auquel