Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/451

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avec l’idée qu’on a de ces petits garçons ! quelle rage ! Nous voulons nous imaginer qu’il y a quelque chose de la cour, et que plus d’une folie et d’une imprudence étoient dans cette malle de lettres.[1] Je ne crois point que cette

    M. de Bouillon prétendait en sa qualité de prince, il n’avait pu surmonter le dégoût de n’être pas admis au banquet. (Journal de Dangeau, 1er  juillet 1685.) Le Roi était d’ailleurs fatigué des prétentions de la maison de Bouillon. Mme  de Maintenon sous-entendait ces divers motifs en écrivant à son frère, le 27 septembre 1685 : « Le cardinal de Bouillon est chassé pour plusieurs raisons trop longues à déduire. Il vouloit être égal en tout aux princes du sang. Il est peu plaint dans sa disgrâce, parce qu’il est peu estimé. » (Note de l’édition de 1818.)

  1. 2. Mme  de Maintenon explique plus clairement la cause de ces disgrâces dans la lettre qui vient d’être citée. « Le Roi, dit-elle, ayant voulu savoir ce qui obligeoit MM. les princes de Conti d’envoyer incessamment des courriers, on en a fait arrêter un ; on a pris toutes les lettres, et l’on en a trouvé plusieurs pleines de ce vice abominable qui règne présentement, de très-grandes impiétés et de sentiments pour le Roi bien contraires à ceux que tout le monde lui doit, et bien éloignés de ceux que devroient avoir les enfants de gens comblés par lui de bienfaits et d’honneurs. Ceux de M. de la Rochefoucauld sont les plus criminels ; M. d’Alincourt y est pour sa part. » Voyez le Journal de Dangeau, tome I, p. 202. Saint-Simon y ajoute la note suivante : « Le Roi, outré du voyage des princes de Conti en Hongrie, découvrit qu’ils avoient envoyé un courrier à Paris, et parla si ferme à M. de Louvois pour le faire arrêter et en avoir les paquets, qu’il le fit prendre en Alsace comme il s’en retournoit, et n’osa ne pas porter au Roi tous les paquets dont il étoit chargé, sans en ouvrir pas un. Il y en avoit de plusieurs gens de la cour, mais de trois entre autres qui piquèrent le Roi au vif, par ce qu’elles contenoient et parce qu’elles étoient des gens dont les pères étoient comblés de ses grâces et de sa faveur. C’étoit du duc de la Rocheguyon, gendre de M. de Louvois même, de Liancourt, son frère, tous deux fils du duc de la Rochefoucauld ; et du marquis d’Alincourt, fils du duc de Villeroi, et petit-fils du vieux maréchal Villeroi. C’étoient des plaisanteries sur le Roi et sur Mme  de Maintenon, sur ses revues de troupes et sur toutes ses occupations et ses amusements, et toutes les nouvelles contées en ridicule. Celle d’Alincourt étoit fort impie et de beaucoup la moindre sur ce qui regardoit le Roi : ce qui fit dire au bonhomme maréchal de Villeroi que pour son petit--