Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/474

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Mais vous ne me dites rien de la belle Madelonne : est-ce que depuis qu’elle est devenue plus belle que jamais, elle méprise ses amis qui ne sont pas beaux ? Je lui apprends pourtant que j’ai deux mentons, et pas une de ces peaux qui lui faisoient peur il y a trois ans, et qu’en cet état je l’aime de tout mon cœur.


980. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ ET DE MADAME DE GRIGNAN AU COMTE DE BUSSY RABUTIN.


Trois semaines après que j’eus écrit cette lettre, je reçus celle-ci de Mme de Sévigné.
À Livry, ce 28e octobre 1685.

de madame de sévigné.

Je suis ici, mon cousin, avec ma fille, son fils, sa belle-fille, et le bon abbé, et le plus beau temps du monde. Il faudroit encore notre ami Corbinelli pour réchauffer et pour réveiller la société ; mais on ne l’a pas toujours quand on veut. Il a d’autres amis ; il a des affaires ; il aime sa liberté, et nous ne laissons pas de l’aimer avec tout cela. Je lui enverrai cette lettre-ci, pour mettre au bas la réponse qu’il vous fera. Il vous mandera sans doute l’heure et le moment de la mort de Monsieur le chancelier[1]. Il étoit hier à l’agonie. Sa

  1. Lettre 980. — 1. On lit dans le Journal de Dangeau, à la date du 30 octobre : « Monsieur le chancelier (le Tellier) mourut à Paris sur les trois heures, entre les bras de M. de Louvois, qui lui ôta d’abord la clef des sceaux, qu’il avoit pendue au col. M. de Seignelay est parti sur les huit heures pour aller quérir les sceaux. » Et à la date du 29 : « M. de Louvois envoya prier le Roi de vouloir bien le dispenser d’apporter les sceaux après la mort de Monsieur le chancelier, qui est à l’agonie ; ce sont d’ordinaire les enfants qui les por-