Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/482

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1679 vous faisiez une fois un si plaisant usage au jardin de Rambouillet[1]. Nous ne saurions oublier, ni vos folies, ni vos sagesses, et j’ai passé un an en Bretagne avec mon fils, où très-souvent nous parlions de vous avec tous les sentiments que votre sorte de mérite doit imprimer dans des têtes, sans vanité, qui ne sont pas indignes de le connoître. Vingt fois nous avons fait dessein de vous écrire des bagatelles ; nous voulions vous assurer que la rareté de la satisfaction n’empêchoit point que vous ne fussiez toujours dans notre souvenir ; et vingt fois ce démon qui détourne des bonnes pensées nous a ôté celle-là. Enfin, Monsieur, après avoir versé, avoir été noyée[2], avoir fait d’une écorchure à la jambe un mal dont je ne suis guérie que depuis six semaines, j’ai quitté mon fils et sa femme, qui est fort jolie, et j’arrive à Bâville[3] chez M. de Lamoignon le 10e ou 12e de septembre ; j’y trouve ma fille et tous

  1. 2. Voyez plus haut, p. 261 et 264. — « C’était alors un très-vaste jardin, rempli d’excellents fruits, orné d’une pièce d’eau, précédé d’une très-belle porte, avec quatre pavillons, qui avaient plus d’une fois servi à désigner cette propriété du financier Nicolas de Rambouillet (père du mari de Mme de la Sablière et beau-père de Tallemant des Réaux). On voyait encore en 1825 quelque chose de ces pavillons ; la porte monumentale était dans le faubourg Saint-Antoine, un peu au delà du carrefour formé par la petite rue de Reuilly, les rues de Charenton et de Rambouillet. » (M. Paulin Paris, tome I, p. 357, de Tallemant des Réaux.) Voyez encore tome VI, p. 322, du même ouvrage, une description de Sauval, citée par M. P. Paris : « Dans ce jardin, dit-il, se trouvent des allées de toutes figures et en quantité… La principale, qui est d’une longueur extraordinaire, conduit à une terrasse élevée sur le bord de la Seine ;… toutes ensemble forment un réduit si agréable, qu’on y vient en foule pour se divertir. »
  2. 3. Voyez plus haut, p. 440 et 441, l’apostille de Coulanges à la lettre du 1er août précédent.
  3. 4. L’édition de 1773, notre seule source pour cette lettre porte j’arrive, j’y trouve. Ne faut-il pas lire plutôt : j’arrivai, je trouvai. ? Mme de Sévigné avait sans doute écrit, comme souvent : j’arrivé, je trouvé