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1686

984. — DU COMTE DE BUSSY RABUTIN À MADAME DE SÉVIGNÉ.

Quinze jours après que j’eus reçu cette lettre, j’y fis cette réponse.
À Chaseu, ce 2e janvier 1686.

Je sais, Madame, à n’en pouvoir douter, la part que vous prenez, vous et notre ami Corbinelli, à tout ce qui me touche, et c’est cela, avec vos agréments, qui fait que je vous aime de tout mon cœur. Mais je veux adoucir votre tristesse, et pour cet effet vous dire que je ne suis point abattu, parce que Dieu, qui m’a donné un courage plus grand que mes peines, me donne une entière confiance en lui. Je l’ai remercié, et j’ai reçu comme une grâce particulière de sa bonté la promotion de M. Boucherat, mon bon ami et mon allié par son gendre M. de Harlay. Je l’ai encore remercié de la place où le Roi a mis le duc de Beauvilliers[1], fils, de mon intime ami, et lui-même mon ami particulier. Je n’ai pas cru que ces deux hommes-là fussent[2] dans les premières places de l’État sans me servir de quelque chose. Avec de la patience et de la santé, je verrai la fin de mes maux, et personne n’a plus que moi de l’une et de l’autre[3].

  1. Lettre 984. — 1. « Que le Roi a donnée au duc de Beauvilliers. » (Manuscrit de la Bibliothèque impériale.)
  2. 2. C’est la leçon du manuscrit de la Bibliothèque impériale, et c’est aussi ce que Bussy avait écrit dans le manuscrit que nous suivons ; mais une autre main y a substitué, dans cette dernière copie : « que cet homme-là fût. » — À la ligne suivante, l’édition de 1818, qui a adopté le singulier : cet homme-là, ajoute, après quelque chose, quatre mots et une phrase entière qui ne sont dans aucun des deux manuscrits « … moi et les miens. Il est trop parfait pour ne pas remplir les devoirs de l’amitié aussi exactement qu’il fait ceux d’honnête homme et de bon chrétien. »
  3. 3. « De l’un et de l’autre. » (Manuscrit de la Bibliothèque impériale.)