Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/490

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1686 céron tout entier en fragments à peu près grands comme les maximes de M. de la Rochefoucauld, et d’avoir placé[1] à côté, des maximes en françois de mon style concis, sans affecter de traduire le latin. J’ai fait, comme vous savez, la même chose de tous les historiens latins[2]. Il me semble que tout cela peut me servir à vous faire ma cour, et vous faire voir que si je vais jamais à Montpellier, je ne serai pas moins digne de l’honneur de votre estime que je l’étois. Je voudrois bien vous entretenir des sujets qui remplissent les conversations à présent ; mais que sais-je si vous aimez assez le monde pour le revoir dans des lettres ? Tout ce que je vous puis dire, est que vous ne le reconnoîtriez pas, et que la France de ce côté-ci est plus différente de ce qu’elle étoit de votre temps, qu’elle ne l’est de la nation espagnole ou allemande.

Je vous prie de dire à M. de Courson[3] que j’ai bien de l’impatience de le revoir logé en notre quartier, et d’assurer le scélérat que je me fais un grand honneur de l’honorer et d’être dans son souvenir, et enfin qu’il est autant dans le mien que si ie lui avois écrit tous les or-

  1. Lettre 985. — 1. La première édition où cette lettre ait paru (1773) donne passé, au lieu de placé.
  2. 2., On a publié en 1694 le premier volume de ce travail ; il contient les maximes tirées de Tite Live. L’Avertissement par un ami de l’auteur, que l’on croit être le P. Bouhours, renferme un éloge de Corbinelli, qui peint bien son caractère. Ce volume est assez rare. (Note de l’édition de 1818.)
  3. 3. Nom que portait sans doute déjà le jeune fils de Bâville, l’intendant de Languedoc Urbain-Guillaume de Lamoignon, comte de Launai-Courson, etc., né en octobre 1674, intendant de Rouen en 1704, puis de Bordeaux en 1709, conseiller d’État en novembre 1716, conseiller au conseil royal des finances en 1730, mort en mars 1742. Ce fut, d’après Saint-Simon, « un butor, brutal, ignorant, paresseux, glorieux, insolent du crédit et de l’appui de son père, et surtout étrangement intéressé. » Voyez les Mémoires de Saint-Simon, tomes IX, p. 265, 266, et XV, p. 30 et suivantes.