Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/504

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1686 on est dans l’adversité : dans le fort de l’adversité, j’en demeure d’accord ; dans une adversité radoucie, je le nie. Je crois la plupart des courtisans plus agités que nous : aussi ne font-ils guère de vers.

Je ne doute pas que le P. de la Chaise ne fasse avoir bientôt une abbaye à mon fils : cela est juste, il a du crédit, et je suis persuadé qu’il a de la bonne volonté pour nous.

Au reste, nous ne sommes pas les seuls en Bourgogne qui avons[1] de l’esprit. Un fort honnête garçon de Dijon, appelé Grammont[2], de mes amis de longue main, à qui j’envoyois tous nos factums, ayant su que ma fille s’étoit donné du repos, malgré l’injustice du Parlement, me vient d’écrire une lettre en vers que j’ai trouvée digne de vous.


à madame de sévigné.

Ma fille de Montataire me vient d’apprendre votre rhumatisme, Madame, et que s’étant trouvée chez vous le jour qu’on vous alloit saigner, elle avoit offert son bras au chirurgien, pour vous épargner la peine de la piqûre, et ne doutant pas que la décharge du sang de Rabutin ne vous soulageât, de quelque source qu’il sortît[3] mais vous crûtes que ce seroit violer les droits de l’hospitalité, et vous la remerciâtes de ses offres.

Nous sommes ravis, ma fille et moi, de vous avoir un peu divertie. Je mande à notre ami que la tranquillité

  1. 6. « Qui ayons. » (Manuscrit de la Bibliothèque impériale.)
  2. 7. Il était sans doute de la famille de Grammont de Franche-Comté, pour laquelle la terre de Villers-Exel fut érigée en marquisat de Grammont par lettres du mois de décembre 1718. L’épître dont parle Bussy se trouve dans sa Correspondance, tome V, p. 496.
  3. 8. On trouve assez fréquemment cette plaisanterie dans le cours de la correspondance. Voyez tome I, p. 511, et la lettre du 15 mars 1684, plus haut, p. 262.