Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/507

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ressuscitera cette maison : voilà ce que la Providence leur gardoit, et c’est ce qui nous empêchoit de pouvoir lire distinctement ce qu’elle avoit écrit pour Mlle d’Alerac.

Adieu, Monsieur : aimez-moi, vous le devez. J’aime votre esprit, votre mérite, votre sagesse, votre folie, votre vertu, votre humeur, votre bonté, enfin tout ce qui est en vous, et vous souhaite toute sorte de bonheur, et à cette jolie couvée qui est sous votre aile, et qui vous doit donner tant de plaisir et de consolation. Tout ce qui est ici vous salue, et notre ami ne sait rien de cette lettre précipitée. Je parlerai bien de vous avec Bourdaloue. Mme Dangeau, ci-devant Bavière, est toute sage, tout aimable, et rend son mari heureux ; il n’auroit tenu qu’à elle de le rendre bien ridicule.


992. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ AU PRÉSIDENT DE MOULCEAU.

À Paris, mercredi 1er mai.

Je vous écrivis avant-hier avec une extrême joie, croyant que ce qui étoit répandu par tout Paris du retour du prince de Conti à Versailles, fût une vérité ; mais j’ai su que j’ai mandé une fausseté, qui est la chose du monde que je hais le plus. Ce prince est simplement nommé pour être chevalier à la Pentecôte avec les trois autres[1], et ne reviendra qu’en ce temps, et Dieu veuille qu’il y demeure

  1. Lettre 992. — 1. Monsieur ayant demandé le collier de l’ordre du Saint-Esprit pour le duc de Chartres, depuis régent, le Roi voulut que le duc de Bourbon, le prince de Conti et le duc du Maine le reçussent en même temps. (Journal de Dangeau, 28 avril 1686.)