Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/66

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Je demande pardon à la Providence, ma chère cousine, mais j’ai grand’peine à trouver bon que les plus jolies personnes ne soient pas toujours les plus heureuses et les plus saines.

Je suis encore à Bussy, où je fais des ajustements qui finissent la maison ; elle vous plairoit fort si vous la voyiez maintenant. Je pars pour Chaseu dans huit jours, et j’y serai jusqu’à l’hiver, que je passerai à Autun. Écrivons-nous toujours ; pour moi, je ne reçois aucune lettre qui me fasse tant de plaisir que font les vôtres.

Adieu, notre très-chère cousine et tante : nous disons très-chère, beaucoup plus encore pour le mérite que pour la rareté, car nous vous aimerions autant quand nous vous verrions tous les jours.


1680

851. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ ET DE CHARLES DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

Aux Rochers, dimanche 8e septembre.

de madame de sévigné.

C’est me renouveler les douleurs de l’éloignement, que de me faire apercevoir les travers de mes inquiétudes. Vous souvient-il des raisonnements que nous faisions sur la perte de Charleroi, lorsqu’il y avoit plus de quinze jours que Montal étoit entré dans cette place qu’il avoit secourue[1] ? J’ai eu des craintes aussi bien fondées pour vos meubles, qui étoient sous vos yeux : j’en suis fort aise ; le jour viendra, je l’espère, que nos discours seront un peu plus justes ; on tire de si loin, qu’il est impossible de

  1. Lettre 851. — 1. Voyez tome III, p. 175, note 1.