Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/82

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aimable, c’est que toutes ces choses me conduisent droit à vous : c’est une grande douceur d’être assurée qu’on se retrouvera. Hélas ! il y a un an que je ne fais que vous dire adieu, cela me fait mal. Je ne donne point au passé un si bon air que vous ; au contraire, je m’en fais une amertume, je le regrette ; j’en usois du moins ainsi jusqu’à l’assurance de vous revoir ; présentement je lui pardonne en faveur de l’avenir, puisque le voilà éclairé par l’espérance, qui me rend contente de tout.


1680

854. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

Aux Rochers, ce mercredi 18e septembre.

J’étois avant-hier chez la princesse, à qui je dis ce que vous lui conseillez pour Paris : elle y est fort disposée, d’autant plus que la voilà dans un deuil épouvantable. Le père de Madame[1] qui est, comme vous savez, son beau-frère, est mort : un gros Allemand le dit à Madame à peu près de cette sorte, sans aucune précaution. Voilà Madame à crier, à pleurer, à faire un bruit étrange, on dit à s’évanouir, je n’en crois rien ; ce n’est point une

  1. Lettre 854 (revue en partie sur une ancienne copie). — 1. Charles-Louis, électeur palatin, mort le 7 septembre 1680, à l’âge de soixante-trois ans. « Il étoit, dit le Mercure de septembre 1680 (p. 215), sur le chemin qui va de Manheim à Funkendal, lorsqu’il fut surpris d’apoplexie. Il sortit aussitôt de son carrosse, mais l’attaque fut si violente qu’on ne put le secourir ; ainsi on peut dire qu’il est mort subitement. » Le 13 septembre, le Roi, la Reine, le Dauphin et la Dauphine étaient allés à Saint-Cloud pour faire leurs compliments de condoléance à Monsieur et à Madame. — Les mots comme vous savez ne sont pas dans le texte de 1754.