Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/83

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1680 personne à donner cette marque de foiblesse : c’est tout ce que pourra faire la mort de fixer tous ses esprits[1].

Savez-vous bien que Langlade les a eus fixés de telle manière[2], que sa femme fut emportée de sa chambre, et lui mis sur la paillasse avec toute la contenance d’un mort ? Il passa un médecin par pur hasard ; la scène est en Poitou : ce médecin voulut le voir, tout de même que celui dont vous me parlâtes au sujet de cette dame qu’il ressuscita. Il observa ce pauvre corps, il y trouva encore quelque chaleur, il lui donna des remèdes dont on se moquoit, enfin il en vint à l’émétique, et l’on écrit à Mme  de la Fayette qu’on est persuadé que Langlade en reviendra. Voilà une histoire qui ressemble fort à celle que vous savez. Ce seroit une perte pour Mme  de la Fayette, qui trouve encore quelque douceur aux restes de ses amis[3]

On me mande qu’on parle de M. de Sillery[4] pour gou-

  1. 2. « Elle me paroît incapable de cette marque de foiblesse : c’est tout ce que pourra faire la mort que de fixer tous ses esprits. » (Édition de 1754.)
  2. 3. « D’une telle manière. » (Ibidem.)
  3. 4. Langlade mourut de cette maladie. Il était en Poitou, dans une de ses terres, lorsqu’il apprit que Louvois, qui revenait de Guienne, allait passer très-près de chez lui. Voulant se parer vis-à-vis de ses voisins de la faveur dont il croyait jouir, il fit tout préparer pour recevoir le ministre, et courut deux lieues au-devant de lui pour l’engager à se reposer dans son château. Mais Louvois, qui était fort pressé, le remercia brusquement, et continua sa route. Langlade, tout chagrin, suivit pendant une poste, et le marquis s’en apercevant lui fit signe du chapeau, et lui dit adieu. Ce courtisan n’était pas de force à supporter cette infortune ; il revint chez lui, et mourut peu de jours après. Voyez les Mémoires de Gourville, tome LII, p. 460. (Note de l’édition de 1818.)
  4. 5. Louis Brûlart, marquis de Sillery, fils de Mme  de Puisieux (voyez tome II, p. 13, note 2), né en 1619, mort le 19 mars 1691. Il avait épousé en 1638 Marie-Catherine, sœur de la Rochefoucauld, qui mourut en 1698. « M. de Sillery, dit Saint-Simon dans une