Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/137

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IO48. DU COMTE DE BUSSY RABUTIN

A. MADAME DE SÉVIGNÉ.

Trois jours après que j’eus reçu cette lettre, j’y fis cette réponse.

A Chaseu, ce 19e novembre 1687.

J’ai bien de la joie, Madame, que vous soyez contente de ma dernière lettre; pour moi je suis ravi de votre réponse, car elle me tire d’une fort grande peine où j’étois de votre santé. Je craignois que la douleur de la perte que vous veniez de faire, jointe à votre rhumatisme, ne fût un dangereux mal pour vous ; et la réflexion que je faisois sur ma crainte extraordinaire me paroissoit d’un méchant augure et augmentoit mes alarmes ; ma peur me faisoit peur ; enfin je n’ai eu que cela, Dieu merci : vivat! ma chère cousine.


Vous vous récriez sur la longueur de votre lettre et sur ce que vous ne me parlez que de vous je vous assure chère cousine, que vous ne me sauriez parler de chose qui me soit plus agréable. Ce que dit notre ami, que pour juger combien nous importunons les gens en parlant de nous, il faut songer combien ils nous importunent en nous parlant d’eux, ne vous regarde pas. Il a raison pour ceux qui sont indifférents les uns aux autres, mais pour nous, deux choses nous doivent rassurer tous deux sur cela l’une que nous prenons grand intérêt à ce qui nous touche, et l’autre que nous racontons bien.

Mais est-il possible, Madame, que vous ne sachiez pas la mort de notre pauvre ami le P. Rapin[1] Il étoit le

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  1. LETTRE 1048. 1. Il était mort le 27 octobre précédent. Voyez la lettre écrite par le P. Bouhours à Bussy, le 13 novembre 1687 (Correspondance de Bussy, tome VI, p. 103). On y trouve le détail de