Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/150

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tant bien en sa conscience qu’il n’en peut pas jouir aussi agréablement qu’il a fait.

Ètes-vous à Autun ? Votre évêque y est-il ? S’il y est, dites-lui que j’ai tellement cru qu’il seroit ici après la Saint-Martin, que je n’ai point répondu à une très-aimable lettre qu’il m’écrivit à la mort de mon pauvre abbé. Disposez-le à me pardonner, en l’assurant que je l’attends avec impatience. Vous ne sauriez douter que je n’en aie encore davantage de vous y revoir en joie et en santé, car c’est là le « tu autem »[1] , et de causer avec vous de mille choses qui ne s’écrivent point. J’embrasse l’aimable Coligny [2] pourvu que vous receviez les amitiés sincères de la belle Madelonne.

DE CORBINELLI.

LE P. Bouhours auroit peut-être aussi bien fait de rapporter des fragments de vos lettres, et de celles de Mme de Sévigné que de celles de Balzac et de Voiture [3], pour donner des exemples de la justesse, de la délicatesse, ou de la noble simplicité des pensées. L’un de ces jours nous nous assemblerons chez M. de Lamoignon, pour lui apprendre nos sentiments, et ceux du public sur son livre ; mais le jugement de ce qu’on appelle le monde en gros, est ordinairement bien fade et bien grossier en ce siècle, où l’on ne sait ce que c’est que bonnes ou belles choses, et où l’on n’a le loisir que de calculer et de courir après ses affaires. La misère étouffe l’esprit ; il

  1. 8. C’est là l’important, le point essentiel. Nous avons déjà trouvé cette locution au tome VII, p. 380.
  2. 9. Dans l’édition de 1818, J’embrasse avec vous l’aimable Coligny. L’impression de 1697 est conforme au manuscrit. »
  3. 10. Les noms de Balzac et de Voiture reviennent très-souvent dans les quatre dialogues, et le P. Bouhours les compare l’un à l’autre en divers endroits.