Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/157

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lâcheriez rien, et qu’ils ne parlôient si fortement que sur vos mémoires. Il n’est pas bon que Monsieur d’Aix croie et fasse croire que vous êtes prêt à céder ce qu’il conteste, et même je ne pense pas qu’il gagne son procès ici. J’ai fort parlé à M. et à Mme de Croissy[1] » de la justice de votre cause. Je suis pourtant fâchée qu’Anfossy ne me fasse pas une copie des mémoires que vous envoyez.

Les affaires de M. d’Harouys[2]vont toujours bien mal.

    l’étoit depuis bien des années à MM. de Vendôme, et fut très-longtemps le maître de leur maison et de leurs affaires. Il n’étoit que tonsuré, se prétendoit gentilhomme, et avoit fourré un neveu dans la gendarmerie, qui ne s’est point poussé. Cette noblesse étoit pour le moins obscure, et le bien de la famille fort court.

  1. 19. Mme de Croissy était Françoise Beraud, fille unique de Joachim Beraud, grand audiencier de France. Elle mourut fort vieille, le 17 septembre 1719. «  Les ambassades de son mari, dit Saint-Simon (tome XVII, p. 279), l’avoient fort accoutumée au grand monde, et la cour ensuite, lorsqu’il fut devenu secrétaire d’État ; elle y étoit fort propre. Son goût étoit d’accord avec son génie pour la grande représentation, la magnificence et le jeu, qui l’avoient suivie à Paris dans son veuvage. Elle y tint toujours une grande et florissante maison, où la cour, ce qu’il y avoit de meilleur dans la ville, et tous les étrangers de distinction, étoient toujours. Elle excelloït à la tenir et en bien faire les honneurs, avec une politesse et un discernementulier ; hors de chez elle impérieuse et insupportable  ».
  2. 20. Voyez tome II, p. 116, note 14. -Dangeau, au 1er janvier, nous apprend un autre détail de ces affaires «  d’Harouys, voulant rembourser Mme de Coulanges, lui avoit donné son recouvrement sur M. de Chaulnes, à qui il avoit avancé quelque argent, et nous avons appris que ces jours passés le Roi envoya défendre à M. de Chaulnes de payer, ne voulant pas que M. d’Harouys soit maitre de ses effets. » Au 11 septembre suivant, Dangeau mentionne encore la nomination par le Roi « de commissaires pour régler les affaires de Bretagne, et pour toutes les affaires de M. d’Harouys. M. Bernard de Rezé en est président ; M. de Harlay en est aussi ; on a eu beaucoup de peine à trouver assez de gens qui puissent être de cette commission, parce que la plupart des gens de robe sont intéressés dans cette affaire. »