Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/161

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je prie Dieu de tout mon cœur pour lui. Les gens vifs et qui ont du courage n’ont pas naturellement ces sentiments il faut donc que cela vienne d’en haut. Cette tranquillité ne me laisse pourtant pas tout à fait sans action ; comme je ne me désespère pas dans ma misère, je ne m’attends pas aussi à des miracles pour en sortir : je m’aide dans l’espérance que Dieu m’aidera et peut-être qu’enfin bénira-t-il mes peines ; mais quoi qu’il fasse, je ne me lasserai point de ma résignation. Voilà l’état où je suis, ma chère cousine mandez-moi [1] le vôtre et celui de la belle Comtesse, car après le mien, c’est celui où je m’intéresse le plus.

J’oubliois de vous dire que si Dieu ne me donne pas les commodités de la vie[2] il me donne au moins le bien sans lequel on ne sent pas tous les autres il y a vingt ans que je ne me suis si bien porté que je fais. Nous nous en allons en Comté[3], votre nièce de Coligny et moi je vous écrirai de là.; cependant croyez bien toujours que je suis le plus tendre ami et le meilleur parent que vous aurez jamais. Je dis la même chose à la belle Madelonne. Je lui écrirai l’un de ces jours, et à notre cher Corbinelli, que j’embrasse con licentia, Signora [4]


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  1. 2. Tel est le texte de la première édition (1697); moi est omis dans le manuscrit; à la ligne suivante, l’édition de 1697 porte “ après le vôtre et le mien. »
  2. 3. Ces mots ont été biffés, et remplacés d’une autre main par « les honneurs et les établissements. »
  3. 4. A Créssia, en Franche-Comté voyez tome III, p. 445.
  4. 5. Avec (votre) permission, Madame. Voyez tome VII, p.139, note 1.