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1054- DE MADAME DE SÉVIGNÉ ET DE CORBINELLI AU COMTE DE BUSSY RABUTIN.

Huit jours après que j’eus écrit cette lettre, j’en reçus cette réponse.

A Paris, ce 15e juin 1688.

DE MADAME DE SÉVIGNÉ

Nous ne savions ce que vous étiez devenu, mon cher cousin. Nous disions, Corbinelli et moi « Si c’étoit un autre, nous aurions peur qu’il ne se fût allé pendre » mais nous ne pouvions croire une chose si funeste d’un tempérament comme le vôtre. En effet, vous revoilà encore, et en la meilleure santé du monde. Ah! que c’est un grand bien, mon cousin et que vous le nommez précisément par son nom, quand vous dites que c’est celui sans lequel tous les autres sont insensibles ! Conservez-le donc autant que vous pourrez c’est celui sur lequel la fortune n’a rien à voir, et qui fait supporter tous les maux qu’elle sait faire. J’avoue que la grâce de Dieu est encore un fort bon secours ; vous voilà bien soutenu : ceux qui paroissent plus heureux, bien souvent ne le sont pas tant. Demandez[1] au Roi et à M. de Louvois : le maître et le ministre sont tous deux chicanés par des retours de fièvres [2] mal guéries par le quinquina, qui non-seulement leur donne beaucoup de chagrin, mais en vérité à tout le monde pour la personne de Sa Majesté.- Il a fallu pour-

  1. LETTRE|. 1. Cette phrase et la suivante ont été biffées dans la copie de Bussy. Trois lignes plus bas il y a donne, au singulier, dans le manuscrit.
  2. 2. Voyez le Journal de Dangeau, à la date du 14 juin 1688, et le Journal de la santé du Roi (p. 186 et suivantes), tenu par d2’Aquin, mais où l’on commence à voir poindre à cette époque l’influence de Fagon. Voyez encore ci-dessus, p. 140. Mme de Sévigné est bien informée ; le Journal pour le 6, le 7 et le 8 signale un mieux sensible, mais qui ne dura pas.