Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/17

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1687 suis ravi et ma fille aussi, qui dit que Dieu lui a fait une grande grâce de ne lui avoir pas donné une belle-mère comme elle, parce qu’elle seroit aujourd’hui dans un couvent, pour lequel sa vocation étoit fort médiocre.

On m’a envoyé la lettre que Monsieur le Prince écrivit au Roi la veille de sa mort, et un récit de ses dernières actions et de ses dernières volontés. Je l’ai trouvé par tout cela tel que vous me le mandez : un héros chrétien ; mais avec tous ces beaux dehors[1], je crois qu’il pensoit alors ce que lui mandoit autrefois Voiture :

La mort, qui dans les champs de Mars
Parmi les cris et les alarmes,
Le désordre de toutes parts,
Le bruit et la fureur des armes,
Vous parut si belle autrefois,
le bruit et la fureur des armes,
Vous parut si belle autrefois,
À cheval et sous le harnois,
N’a-t-elle pas une autre mine
Lorsqu’à pas lents elle chemine
Vers un malade qui languit
Et semble-t-elle pas bien laide
Quand elle vient, tremblante et froide,
Prendre un homme dedans un lit[2] ?


  1. 3. Les mots « avec tous ces beaux dehors, » ont été biffés, et remplacés d’une autre main, dans l’interligne, par « avec cela. »,
  2. 4. Voyez lÉpître de Voiture à Monseigneur le Prince sur son retour d’Allemagne, l’an 1645. Bussy paraît avoir cité de mémoire. Voici quel est le texte de Voiture (édit. de 1672) :

    La mort, qui dans le champ de Mars,
    Parmi les cris et les alarmes,
    Les feux, les glaives et les dards,
    Le bruit et la fureur des armes,
    Vous parut avoir quelques charmes,
    Et vous sembla belle autrefois,
    À cheval et sous le harnois,
    N’a-t-elle pas une autre mine
    Lorsqu’à pas lents elle chemine